Depuis 1952, la Hollywood Foreign Press Association remet chaque année le prix Cecil B. DeMille dans le cadre de la cérémonie des Golden Globes. Ce trophée récompense un artiste pour l’ensemble de sa carrière au cinéma et souligne aussi parfois l’engagement humanitaire de celui ou celle qu’on désigne lauréat. Dimanche, Jane Fonda recevra cet honneur. Décryptage.

Les débuts

PHOTO FOURNIE PAR PARAMOUNT PICTURES

Jane Fonda dans Barbarella, film de Roger Vadim

Révélée à Broadway dès 1960, Jane Fonda a aussi pu se faire valoir au cinéma à cette époque, notamment grâce à des films comme Cat Ballou ou Barefoot in the Park. Dans cette adaptation de la pièce de Neil Simon, elle donne la réplique à Robert Redford, partenaire de jeu qu’elle retrouvera quelques fois au cours de sa carrière. En 1968, son mari Roger Vadim en fait un sex-symbol grâce à Barbarella, un sommet de cinéma kitsch. C’est d’ailleurs pendant cette période que l’actrice vit en France et qu’elle a l’occasion de maîtriser la langue de Molière, qu’elle parle encore très bien aujourd’hui. Sa carrière d’actrice prend cependant véritablement son envol à la fin de cette décennie, alors que Sydney Pollack lui offre le rôle principal de They Shoot Horses, Don’t They ? (On achève bien les chevaux). Dès lors, les rôles qu’elle choisit sont souvent en phase avec son militantisme social.

Hanoï Jane

PHOTO PIERRE CÔTÉ, ARCHIVES LA PRESSE

En 1974, Jane Fonda a participé à une conférence sur la guerre du Viêtnam à l’Université du Québec à Montréal.

Très engagée dans les mouvements pacifistes en se prononçant haut et fort contre la guerre du Viêtnam, Jane Fonda a semé la controverse, notamment à cause d’une célèbre photo où on la voit assise sur un canon nord-vietnamien, coiffée d’un casque militaire. Son militantisme est alors vertement dénoncé par la classe politique, qui voyait pratiquement en elle une traître à la nation. Encore aujourd’hui, l’actrice est honnie dans certains cercles ultra-conservateurs. Elle affirmera plus tard son regret à propos de ce cliché, mais réitérera la pertinence de son action. À cette époque, elle s’exprime aussi sur toutes les tribunes qu’on lui offre. En 1974, elle est en outre venue à Montréal pour participer à une conférence sur la guerre du Viêtnam, à l’invitation de l’Université du Québec à Montréal.

Deux Oscars en sept ans

Citée sept fois aux Oscars au cours de sa carrière, Jane Fonda a reçu sa première statuette dorée en 1972, grâce à sa performance dans Klute. Dans ce thriller d’Alan J. Pakula, l’actrice se glisse dans la peau d’une femme qui, dans l’esprit d’un détective privé (Donald Sutherland), constitue la seule piste que ce dernier peut suivre pour mener son enquête sur la disparition d’un homme. On attendait un discours enflammé lors de la cérémonie, mais l’actrice a préféré se faire discrète sur la scène du Dorothy Chandler Pavilion. « Il y a beaucoup à dire, mais je ne le dirai pas ce soir ! », a-t-elle déclaré. Sept ans plus tard, elle est de nouveau consacrée, cette fois grâce à Coming Home (Le retour), film dans lequel elle tient le rôle d’une bénévole dans un hôpital de vétérans de la guerre du Viêtnam. Cette dernière y retrouve un amour de jeunesse (Jon Voight), devenu paraplégique après avoir été blessé au combat. Jane Fonda est remontée sur scène en 1982 afin d’aller cueillir une statuette au nom de son père, Henry, sacré meilleur acteur grâce à On Golden Pond, film qui a scellé leur réconciliation après plusieurs années de tension.

La reine du vidéo d’exercice !

IMAGE SIMON & SCHUSTER, TIRÉE DU SITE AMAZON

Au début des années 80, Jane Fonda a lancé sa première vidéo d’exercices physiques, déclinée aussi sous forme de livre.

Au début des années 80, Jane Fonda a lancé sa première vidéo d’exercices physiques. Alors mariée au politicien Tom Hayden, dont l’action militante en 1968 est évoquée dans The Trial of the Chicago 7 (Les Sept de Chicago), d’Aaron Sorkin, l’actrice lance Jane Fonda’s Workout, qui connaît un succès fou en vidéocassette. Elle en fera 21 autres au cours des 13 années suivantes. Même si elle ajoute quelques rôles marquants à sa fiche au cours de cette décennie (Nine to Five, Agnes of God, The Morning After), Jane Fonda décide de prendre sa retraite d’actrice en 1991, l’année où elle épouse Ted Turner, magnat des médias et fondateur de la chaîne d’information continue CNN. Elle revient sur sa décision en 2005, année où elle publie aussi son autobiographie, My Life So Far (Ma vie).

Aussi au petit écran

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Lily Tomlin et Jane Fonda sont depuis six ans les vedettes de la comédie Grace and Frankie.

Depuis son retour, Jane Fonda est souvent sollicitée au cinéma pour des rôles de soutien. Nous avons pu la voir en outre dans des films internationaux comme Et si on vivait tous ensemble (Stéphane Robelin) et Youth (Paolo Sorrentino). Elle a cependant eu l’occasion de retrouver Robert Redford, son partenaire de Barefoot in the Park et de The Electric Horseman, dans Our Souls at Night, film dans lequel deux êtres d’âge mûr tentent de combler leur solitude. La dernière décennie marque aussi l’arrivée de Jane Fonda à la télévision. The Newsroom, série d’Aaron Sorkin, constitue sa première expérience sur ce plan. Depuis six ans, elle est la covedette, avec Lily Tomlin, de Grace and Frankie, comédie de situation produite et diffusée par Netflix.

Militante un jour, militante toujours !

PHOTO JARED SOARES, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Jane Fonda s’est fait arrêter à plusieurs reprises en manifestant pour le climat.

À l’automne 2019, Jane Fonda a fait les manchettes en manifestant à Washington tous les vendredis pour protester contre l’immobilisme des politiciens face aux dangers découlant des changements climatiques. Vêtue de son manteau rouge, toujours accompagnée de vedettes alliées, l’octogénaire s’installait dans le hall d’entrée d’un bâtiment administratif du Congrès, où le droit de manifester est interdit, attendant que les agents, désormais habitués, interviennent et l’amènent au poste de police. L’actrice s’est ainsi fait arrêter à plusieurs reprises. « J’ai été inspirée par Greta Thunberg et les jeunes étudiants grévistes du monde entier », a-t-elle alors déclaré à l’Agence France-Presse, revendiquant le « privilège » donné par sa notoriété pour rappeler « que nous faisons face à une crise qui pourrait déterminer si nos enfants et nos petits-enfants auront un avenir ».