(Toronto) Téléfilm Canada a indiqué jeudi qu’elle avait demandé une enquête indépendante sur les allégations d’inconduite qui visent l’un de ses employés.

L’agence fédérale affirme que l’enquête est menée par une tierce partie, Le Cabinet RH, « spécialisé en matière de gestion des plaintes de harcèlement psychologique, sexuel et de discrimination au travail ».

Dans un communiqué, Téléfilm n’identifie pas l’employé en question ou ses fonctions, invoquant la protection de la vie privée. Mais les allégations ont fait surface sur les médias sociaux la semaine dernière concernant la conduite du directeur des longs métrages pour l’Ontario et le Nunavut, Dan Lyon.

Vendredi dernier, le réalisateur et scénariste canadien Pavan Moondi a publié une série de messages sur son compte Twitter critiquant « l’opacité » de M. Lyon dans sa prise de décision au sein de la société d’État et dans ses motifs pour rejeter le financement de deux de ses projets. Il a appelé à la démission de M. Lyon, alléguant que l’exécutif ainsi que Téléfilm avaient pris trop de temps pour respecter leur engagement, en 2016, à refléter plus de diversité à l’écran et à renforcer les initiatives de diversité d’ici 2020.

Répondant aux publications de M. Moondi, la scénariste Melissa D’Agostino a allégué que M. Lyon lui avait fait un commentaire sexuellement inapproprié lors d’une fête, en lui proposant de la rencontrer à Téléfilm pour parler de l’un de ses scénarios. Mme D’Agostino soutient qu’elle a parlé de l’incident dans le film #MeAfterToo en 2019 et qu’elle a envoyé un courriel aux ressources humaines de Téléfilm pour déposer une plainte officielle, mais personne ne lui aurait répondu.

Ni Téléfilm, ni M. Moondi, ni Mme D’Agostino n’ont accepté de commenter. M. Lyon n’a pas non plus répondu aux demandes d’entrevues.

« Pouvoirs démesurés »

Les micromessages de M. Moondi et de Mme D’Agostino ont suscité des appels à la transparence, à la responsabilité et au changement de leadership pour refléter davantage de diversité à Téléfilm. L’agence fédérale s’était également engagée en 2016 à atteindre la parité hommes-femmes dans les emplois clés du cinéma canadien d’ici 2020.

À titre de directeur de la section longs métrages pour l’Ontario et le Nunavut, M. Lyon décide qui recevra le financement pour des projets de films dont les budgets ne dépassent pas 2,5 millions. Or, M. Moondi soutenait la semaine dernière sur Twitter que M. Lyon détenait « des pouvoirs démesurés » et avait des goûts « totalement imprévisibles », « déconnectés de toute connaissance de la scène cinématographique » indépendante.

« Je ne sais pas exactement depuis combien de temps il occupe ce poste, mais on a mis du temps à façonner des générations entières sur ce que nous percevons comme un “film canadien” », a écrit M. Moondi, qui a scénarisé et réalisé trois longs métrages, et écrit pour des séries comme Schitt’s Creek.

Le réalisateur et scénariste, établi à Los Angeles, a également partagé des échanges de courriels avec M. Lyon sur les motifs pour lesquels il n’avait pas obtenu de financement. Les captures d’écran de cet échange montrent que M. Lyon a écrit notamment que le mandat en faveur de la parité hommes-femmes « rendait la situation encore plus compétitive » pour les projets qui ne donnent pas aux femmes des rôles créatifs clés. M. Moondi a répondu qu’il « semblait totalement ignorer » qu’il est lui-même « une personne de couleur ».

Mme D’Agostino, quant à elle, a écrit sur Twitter qu’au cours des deux dernières années, elle avait cherché d’autres moyens de financer des films, « pour éviter le harcèlement et la discrimination ».