Estimant qu’on ne s’est pas assez penché sur le contenu, la metteure en scène du Gala Québec Cinéma, Brigitte Poupart, défend ses choix éditoriaux et estime que les critiques devraient aller voir l’évènement en salle.

« Ce qui me fâche est, qu’à l’image de ce que l’on vit de nos jours, on s’est peu attardé au contenu, dit-elle. Il faudrait que les critiques viennent s’asseoir dans la salle. Cela leur donnerait une autre dimension. »

« On a eu trois ovations durant la soirée, poursuit-elle. J’ai fait un montage d’ouverture comptant 37 des 41 films présentés l’an dernier. J’ai fait une place aux Premières Nations avec la présentation d’un prix par Rykko Bellemarre et un autre par Alanis Obomsawin. Ce sont mes choix que j’ai eu à défendre. »

Parce que oui, ajoute Mme Poupart, lauréate l’an dernier de l’Iris du meilleur rôle féminin de soutien (Les affamés) et finaliste dans la catégorie du meilleur premier rôle féminin (Les salopes ou le sucre naturel de la peau) cette année, il y avait des enjeux.

« Il y a beaucoup d’attentes qui sont différentes des deux côtés, dit-elle. Il y a les attentes de Radio-Canada et celles de Québec Cinéma. Elles sont difficiles à concilier. »

Valoriser le cinéma

Reconnaissant que le gala n’a pas fait l’unanimité en matière de contenant (décors, éclairages, textes), la directrice générale de Québec Cinéma, Ségolène Roederer, défend aussi son contenu.

« Nous avons tout fait pour valoriser notre cinéma, insiste-t-elle. Par exemple, la mise en valeur des sept films finalistes dans la catégorie du meilleur film de l’année était une demande de Québec Cinéma. Les concepteurs y ont répondu avec une belle mise en scène faisant le lien entre les nommés et des films entrés dans notre patrimoine. »

Et ce changement n’est pas le seul. L’organisme a aussi insisté pour avoir plus de parité et de diversité et a procédé à un changement du système de vote permettant à des films grand public tel 1991 de Ricardo Trogi (cinq prix dont celui du meilleur film) de se faire mieux valoir.

« On a scoré dans plein de domaines qui nous importaient », affirme Mme Roederer. 

« Comme tous les gens de notre équipe, j’étais triste lundi de constater que nous n’avons pas fait l’unanimité. Je n’ai pourtant pas le sentiment que nous avons floué quelqu’un. » — Ségolène Roederer, directrice générale de Québec Cinéma 

Elle ainsi que Patrick Roy, président du conseil d’administration de l’organisme depuis octobre 2014, indiquent ne pas avoir encore regardé tout le gala dans sa version télévisuelle (ils étaient au studio 42 de Radio-Canada durant la diffusion) et se promettent de le faire dans les jours à venir.

« Pour l’instant, je n’ai vu que quelques extraits, dit M. Roy. Dans la salle, on a une perception complètement différente de ce qui se passe à la télévision. J’ai beaucoup apprécié ma soirée. La salle réagissait très bien et ne s’est pas arrêtée aux rideaux. »

Les rideaux de la discorde

Nombreuses ont été les critiques lues et entendues quant à la direction artistique et à la mise en scène. Les rideaux semblaient sortis des années 80, les éclairages étaient criards, etc.

À ce sujet, La Presse a laissé des messages chez Fair-Play, la maison de production travaillant pour le compte de Québec Cinéma au gala, et chez Normal Studio, concepteur des rideaux, dans le but d’obtenir un commentaire. On ne nous a pas répondu.

PHOTO BODOÜM PHOTOGRAPHIE, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU GALA QUÉBEC CINÉMA 

Le réalisateur Ricardo Trogi, grand gagnant de la soirée, devant les rideaux tant critiqués

Les numéros d’ouverture et de fermeture des deux animatrices, Édith Cochrane et Guylaine Tremblay, ont également reçu leur part de critiques. Idem pour certaines blagues tombées à plat ou des présentateurs manquant de naturel en lisant le texte passant au télésouffleur. Ça, c’est quand personne ne se mettait devant ledit télésouffleur, comme Édith Cochrane a laissé échapper en ondes.

Rappelant que, comme chaque année, l’équipe fera son analyse rétrospective de l’évènement, Ségolène Roederer ajoute : « On prend acte de ces commentaires, mais on n’a pas besoin de se faire varloper par la critique [pour faire ce travail]. »

Patrick Roy est plus conciliant. « Nous sommes attentifs aux critiques, comme on le fait chaque année, dit-il. Chez Québec Cinéma, on se remet constamment en question, on fait des post-mortem pour toutes nos activités. Et c’est ce que nous allons faire encore une fois, à la lumière des réactions du public ou des critiques. C’est un processus normal. »

Avec des cotes d’écoute de plus de 600 000 téléspectateurs, le gala a un impact et est là pour de bon, ajoute-t-il. « Notre objectif est toujours de donner le goût aux gens de voir nos œuvres. »

Le Gala Québec Cinéma sera de retour l’an prochain au début de juin. Par contre, en raison du déménagement de Radio-Canada dans de nouveaux locaux, le studio 42 n’existera plus et le gala retournera à l’une de ses anciennes adresses, le Monument-National.