Environ 6000 spectateurs ont assisté lundi soir à la spectaculaire projection du nouveau film de Philippe Falardeau sur la Piazza Grande. Le public suisse a bien accueilli cette franche comédie politique.

Il fallait attendre que le soir tombe enfin sur le Lac Majeur, au terme d'une autre journée marquée par la chaleur humide, pour que la Piazza Grande revête ses allures de plus grande salle de cinéma extérieure d'Europe. Des milliers de spectateurs - on estime leur nombre à environ 6000 - ont rempli la grande place ce soir pour découvrir en primeur mondiale le nouveau film d'un cinéaste qui, avec Monsieur Lazhar, les avaient tant marqués il y a quatre ans au même endroit. 

Guibord s'en-va-t'en guerre étant une franche comédie politique, très réussie du reste, Philippe Falardeau était parfaitement conscient du fait que son film ne toucherait pas une fibre émotive de la même façon que son film francophone précédent. Cela dit, l'accueil fut néanmoins chaleureux. Le public suisse a su rigoler de bon coeur devant les absurdités qu'engendre parfois le système politique canadien. Il a aussi pu apprécier la finesse d'une approche satirique qui évoque le cinéma de Nanni Moretti.

En guise de présentation, le cinéaste a d'ailleurs conquis le public dès le départ en s'adressant d'abord à lui en italien. Il a aussi demandé à Irdens Exantus, la révélation du film, de traduire ensuite les mêmes propos en créole. Ce qui fut fait. Surtout, Falardeau n'a pas manqué l'occasion d'évoquer les similitudes entre le jeu politique canadien et suisse.

«Quand j'ai appris à ma mère que j'allais faire une comédie politique sur la démocratie en déroute au Canada, elle m'a dit que le sujet était si compliqué que personne ne comprendrait. J'ai dit non maman. Les Suisses vont comprendre. C'est un pays confédéré encore plus compliqué que le nôtre, où les gens votent au moins quatre fois par an. Les Suisses sont cultivés, intelligents, et ils parlent tous entre cinq et 12 langues !»

Un grand soulagement

Aussi le cinéaste a-t-il entraîné la foule à participer à l'enregistrement d'une salutation destinée au public de la «Piccola Piazza Grande» à Montréal. Guibord s'en-va-t-en guerre, rappelons-le, fait aussi l'objet d'une présentation en plein air ce soir au Parc olympique.

Quelques minutes à peine après la projection, Philippe Falardeau ne cachait pas son soulagement.

«J'étais très nerveux au début, a-t-il déclaré. J'avais vraiment hâte que le premier rire arrive. Or, il n'est pas arrivé à l'endroit prévu ! J'ai l'impression que le public international ne rira pas aux mêmes endroits que les Québécois.»

Patrick Huard, l'interprète du député indépendant Steve Guibord, vivait de son côté une première expérience de cette nature.

«Je suis sous le choc !, a-t-il lancé. Je n'en reviens pas de ce décor, de la qualité de la projection, de tous ces gens, de leur grande qualité d'écoute. Il y a des milliers de personnes et on aurait pu entendre une mouche voler. J'étais impressionné au point où je n'ai pas pu relaxer deux secondes pendant toute la durée du film. Mais je suis tellement heureux d'avoir vécu ça ! Là, tout de suite, j'aurais envie de me téléporter à Montréal pour aller assister à la projection au Parc olympique pour voir comment le public réagit chez nous !»

Des contrats de distribution dans quelques territoires européens, notamment en Suisse, en France et en Allemagne, sont déjà en poche. D'autres ententes seront vraisemblablement conclues au festival de Toronto le mois prochain, où le film de Philippe Falardeau sera présenté en première nord-américaine.

Guibord s'en va-t-en guerre prendra l'affiche en salles le 2 octobre au Québec.

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Les frais de voyage ont été payés par le Festival de Locarno et Films Séville.