Nadine Labaki offre ici une sorte de «suite» à son excellent Caramel, lancé – et bien reçu – en 2008. Une suite, entre guillemets.







Disons plutôt une variation sur le même thème: la solidarité féminine en ces pays arabes sans cesse déchirés par l’éternel malentendu religieux, lequel oppose entre autres les chrétiens aux islamistes, puis la postmodernité à la tradition, et les hommes aux femmes.

Et, comme c’était le cas dans Caramel, il y aura en quelque sorte réconciliation. Mais la question que pose le titre demeurera irrésolue.

On est au Liban dans un minuscule village où Allah et la Sainte Vierge font plutôt bon ménage, mais qui a été mystérieusement épargné par les technologies. Certains habitants croient en effet que, pour maintenir un climat paisible, il vaut mieux rester à l’écart de l’information et des actualités.

Les querelles ancestrales seront toutefois ranimées par l’arrivée d’un appareil de télévision dûment récupéré et branché qui fera à lui seul office d’écran sur le reste du monde pour les villageois. La bisbille viendra aussi par la venue impromptue de quelques jolies danseuses russes égarées. Provoqués par toute cette nouveauté, les citoyens jusqu’alors maintenus dans une sorte de paix d’artifice se ligueront vite les uns contre les autres.

Avec humour, affection, conviction et une tendre ironie, Labaki intègre à son second long métrage des éléments et techniques propres au théâtre et à la comédie musicale, d’où son lyrisme, et d’où l’intrusion inattendue de chorégraphies et de chansons qui, loin d’étouffer la charge dramatique, donnent au contraire à l’ensemble un côté d’opérette, voire un petit côté bollywoodien arabisant (soulignons l’excellente musique de Khaled Mouzannar).

Kitsch? Un peu. Mais d’un kitsch parfaitement maîtrisé servant à mieux faire comprendre la tragédie et le propos.

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Et maintenant, on va où? Drame de Nadine Labaki. Avec Claude Baz Moussawbaa, Leyla Akim, Nadine Labaki. 1 h 50.