On pense au Luis Buñuel de Cet obscur objet du désir, à de Oliveira ou encore à Fellini lors du visionnement de Pater d’Alain Cavalier. Non pas pour les thématiques ou le style, mais bien pour la vitalité d’une expression singulière, intelligente et libre.







Il y a un peu de documentaire, un brin d’essai et beaucoup de fiction, ou d’autofiction pour utiliser le nom d’un genre à la mode en littérature, dans ce long métrage inclassable où le cinéaste prend pied sur le mythe d’Oedipe pour parler de la politique française, mais sans lourdeur. Le cinéaste s’amuse, rit un peu de tout et de lui-même au passage.




Alain Cavalier, président de la République, choisit Vincent Lindon pour agir à titre de premier ministre. Ils veulent réduire l’écart des salaires entre les plus riches et les plus pauvres, le père et le fils adoptif, en se passant le pouvoir au-delà d’un faux duel électoral arrangé avec le gars des vues.




Tout est ainsi fait dans ce film. On ne croit jamais vraiment aux situations même si les acteurs sont plus que crédibles. Il y a la une partie de pouvoir, une partie de plaisir, beaucoup de bouffe et de vin.




C’est la France après tout. On discute franchement, on se dispute aussi. On chipote sur des détails et on s’émeut d’une belle cravate ou des étirements d’un chat. Parfois, on cabotine un peu trop et on se complaît dans un certain cynisme, mais le cinéma-réalité de Cavalier ne se prend pas vraiment au sérieux. Alain Cavalier montre le plaisir de filmer, de jouer le jeu, tout en réfléchissant à voix haute.




Le cinéaste est «amoureux» de son acteur, le président de son premier ministre. Il y a une belle sérénité dans cette étude de la filiation, de la politique au sens large, celui de l’amitié et de la vie.

PATER


*** 1/2


Comédie dramatique d’Alain Cavalier. Avec Alain Cavalier


et Vincent Lindon. 1 h 45.