Dans le paysage documentaire – et même tout simplement cinématographique – du Québec, Raymonde Provencher occupe une place de choix. Place qu’elle a gagnée à coups de documentaires percutants.







Citons parmi d’autres exemples Nés de la haine (sur les enfants nés à la suite d’un viol), Le déshonneur des Casques bleus ou son récent Grace, Milly, Lucy sur des fillettes enrôlées comme enfants-soldats par des troupes rebelles.




Sa plus récente œuvre, Ces crimes sans honneur, s’inscrit dans la même lignée. Signe indéniable de l’engagement et de la sensibilité de la documentariste, ce n’est pas après, mais bien avant l’affaire Shafia qu’elle s’est lancée dans le tournage de ce film consacré aux crimes d’honneur commis au sein de communautés culturelles implantées dans des pays occidentaux tels l’Allemagne, la Suède et le Canada.




Le résultat de ses recherches donne froid dans le dos. Des femmes sont victimes de crimes d’honneur, mais, comme l’explique la cinéaste, le meurtre est l’aboutissement de toute une série de sévices exercés sur ces femmes battues, humiliées, mariées de force, etc. À ce titre, les photos de noces sur lesquelles Mme Provencher a appliqué des paroles violentes sont éloquentes.




Nécessaire, ce film? Que oui! Il fait œuvre d’éducation, déboulonne des mythes (le crime d’honneur est culturel, pas religieux), dénonce des abus, brasse la cage. Là-dessus, bravo!




Par contre, tout cela nous est présenté dans un format par trop linéaire et statique. Si les témoignages sont percutants, la succession de «têtes parlantes» finit par lasser.




Ces crimes sans honneur serait un excellent reportage télé. Au grand écran, il reste un excellent sujet de documentaire, mais son traitement visuel ressemble à tant d’autres.




Ces crimes sans honneur


***


Documentaire réalisé par Raymonde Provencher. 1 h 09.