Conséquence inattendue de la flambée des prix à la pompe, les pannes d'essence ont connu une hausse marquée au cours des derniers mois.

André Cloutier ne chôme pas. Depuis un an, le gérant de Remorquage Centre-ville dépanne de plus en plus d'automobilistes dont le réservoir est à sec. Il y en a une quinzaine par mois depuis le début de l'année, deux fois plus que l'an dernier.

«Même nous, on tombe dans le panneau, raconte-t-il. Avant, un litre de diesel coûtait 20 cents de moins qu'un litre de sans plomb. Aujourd'hui c'est 20 cents de plus. À 1,60$ le litre, les gars essaient de mettre le moins d'essence possible.»

Pas plus tard que la semaine dernière, l'un de ses sous-traitants n'a jamais pu atteindre un automobiliste coincé: il est tombé en panne, faute de carburant.

À Philadelphie, aux États-Unis, la American Automotive Association (AAA) a reçu deux fois plus d'appels pour des pannes de carburant en mai 2008 qu'en mai 2007. Le CAÀ n'a pas encore compilé de statistiques pour le Québec cette année. «Mais le sentiment général, c'est qu'il y a une augmentation depuis le début de 2008», indique sa porte-parole, Roxanne Héroux.

L'an dernier, 6683 personnes ont appelé le CAA après avoir manqué d'essence. C'était 6039 en 2006 et 5992 en 2005. L'organisme précise toutefois qu'il a recruté de nouveaux membres pendant cette période.

«C'est une question de budget, explique Roxanne Héroux. Si une personne est habituée à payer une certaine somme chaque semaine pour faire le plein, et se retrouve à payer presque le double quelques mois plus tard, elle ne sera peut-être pas capable de l'assumer.»

Résultat: plutôt que de remplir leur réservoir à ras bord, certains vont y aller 5 ou 10$ à la fois, attendant une baisse des prix pour faire le plein. Voilà qui expliquerait la hausse des pannes.

«Récemment, j'ai dépanné quatre camions sans essence pendant une seule heure de pointe, raconte Rocco Infante, gérant de Burstall, l'une des entreprises embauchées par Transports Québec pour dépanner les véhicules sur les autoroutes montréalaises. Les gens mettent moins de gaz dans leur voiture. Et sur l'autoroute Décarie, il n'y a pas beaucoup de stations-service pour ceux qui doivent faire le plein.»

Remorquage Meteor, également au service de Transports Québec, recense cinq à dix pannes d'essence par jour sur la seule autoroute Métropolitaine. C'est beaucoup, mais les chiffres sont à peu près les mêmes depuis quatre ou cinq ans, estime son propriétaire, Serge Landry.

«À une certaine époque, on suggérait aux gens de mettre seulement cinq dollars d'essence, dit-il. Avec cinq dollars, on ne va pas très loin.»