À lire aussi :

À lire aussi :

» Déception et inquiétude en Ontario

» Cerberus : un nouveau roi de l'auto

Tiraillé entre trois offres importantes, le germano-américain DaimlerChrysler a finalement retenu celle de l'américain Cerberus. Ce fonds d'investissement privé met la main sur 80,1% de Chrysler pour 8,1 milliards (7,4 milliards US) et va reprendre à son compte les engagements du constructeur en ce qui concerne les charges sociales: 19 milliards US au total, entre les retraites et les frais de santé.

Selon Kimberly DuBord, du site financier Briefing, le divorce est sain après «une décennie d'existence désastreuse faite de lutte contre les pertes, de coûts fixes rampants, d'erreurs stratégiques et de pression des actionnaires».

Au final, «l'option d'un fonds privé, retirant Chrysler de la cote boursière, était la meilleure solution pour redresser Chrysler».

Il reste que la transaction annoncée hier est un lourd échec sur le plan financier. Daimler vend pour une somme modique une entreprise qu'il avait rachetée pour 36 milliards US.

Créé en 1925 par Walter Chrysler, le constructeur américain aux marques prestigieuses Chrysler, Dodge et Jeep représente aujourd'hui un groupe faible traînant une perte de 1,7 milliard CAN et incapable de maintenir ses parts de marché aux États-Unis.

En cédant le contrôle de sa filiale, Daimler fait une croix sur 47 milliards d'euros (71 milliards CAN) de chiffre d'affaires annuel, soit près d'un tiers de son activité et 80 000 salariés.

Cerberus, préféré à d'autres fonds, était «le candidat parfait» pour Chrysler, estiment plusieurs analystes, car il est déjà présent dans le secteur (voir autre texte en page 2).

«L'accord a été très bien bâti», estime David Healy, de Burhnam Securities, relevant que «maintenant que Chrysler va se retirer de la Bourse, de nombreux changements sont attendus».

En se soustrayant à l'attention des actionnaires, Chrysler «va pouvoir se restructurer à long terme sans se soucier de perdre ou non de l'argent sur le court terme», explique M. Healy.

Les coûts salariaux seront vraisemblablement dans le collimateur de Cerberus, bien que ce volet soit très sensible.

«Les charges sociales sont un important inconvénient pour Chrysler», estime Peter Morici, professeur à l'Université du Maryland, faisant allusion aux prestations sociales historiquement importantes dans l'automobile américaine. Toute renégociation à la baisse est difficile, mais leur poids défavorise les constructeurs américains face à leur rivaux asiatiques.

«Rien n'indique à l'heure actuelle comment Cerberus compte obtenir des concessions de l'UAW (United Automobile Workers, syndicat automobile), là où les directions de GM, Ford et Chrysler n'y sont pas parvenues», souligne M. Morici.

Mais le fait que l'UAW, pourtant réticent aux concessions salariales, ait salué hier Cerberus comme «le meilleur candidat», laisse entendre que certaines garanties ont été obtenues.

La transaction met un terme dans la douleur à l'un des plus gros mariages transatlantiques jamais réalisés dans le secteur industriel, une fusion présentée en 1998 comme un «mariage céleste».

C'est également un revers personnel pour Dieter Zetsche, qui n'a pas réussi à redresser Chrysler malgré un long bail à la tête de la filiale.

Avec la fin de l'histoire Chrysler, une nouvelle ère s'ouvre pour Daimler. Recentré sur la filiale haut de gamme Mercedes, la petite voiture Smart et les poids lourds, le constructeur sera beaucoup plus rentable.

«Nous voulons devenir le leader mondial dans les voitures et les services haut de gamme et dans tous les segments de marché où nous sommes présents», a annoncé M. Zetsche.

Pour marquer ce nouveau départ, le groupe va convoquer ses actionnaires en assemblée générale pour changer son nom de «DaimlerChrysler AG» en «Daimler AG».

--- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---

À lire aussi :

» Déception et inquiétude en Ontario

» Cerberus : un nouveau roi de l'auto