Un professeur de génie de l'Université de Sherbrooke, Claude Lupien, a utilisé 1000 tonnes de verre brisé pour fabriquer quelques centaines de mètre de route. La chaussée, située dans un centre de recyclage, en est à son deuxième hiver et se porte bien. Le verre servait de matériau de remblayage et de drainage, de protection contre le gel, sous la couche d'asphalte.

Un professeur de génie de l'Université de Sherbrooke, Claude Lupien, a utilisé 1000 tonnes de verre brisé pour fabriquer quelques centaines de mètre de route. La chaussée, située dans un centre de recyclage, en est à son deuxième hiver et se porte bien. Le verre servait de matériau de remblayage et de drainage, de protection contre le gel, sous la couche d'asphalte.

«Recycler le verre pose problème à cause de la contamination avec d'autres déchets, et à cause des coûts de transport, explique M. Lupien. La contamination doit être éliminée pour fabriquer du verre recyclé, mais ce n'est pas un problème si on utilise le verre concassé pour une chaussée. Et comme il n'y a pas d'usine de recyclage de verre dans toutes les villes, les coûts peuvent être presque équivalents à l'enfouissement.»

Le verre utilisé par M. Lupien contenait environ 2,9 % de contaminants (en poids), surtout du papier. C'est un taux beaucoup plus élevé que ce qui est exigé par les usines de recyclage.

Selon Recyc-Québec, transporter du verre concassé de Sherbrooke jusqu'à une usine située à Victoriaville coûte un peu moins de 7 $ la tonne. Le coût de traitement du verre recyclé, à partir des bouteilles laissées dans les bacs de recyclage, est de 10 $ à 30 $ la tonne s'il y a des contaminants, et augmente beaucoup si on le décontamine. Comme la valeur d'une tonne de verre concassé non contaminé est de 50 $ à 75 $ la tonne, la marge de profit est mince, et l'opération peut être déficitaire.

Selon M. Lupien, le coût des matériaux de classe A, qui sont utilisés comme fondation des routes pour protéger l'asphalte contre le gel, est de 10 $ la tonne. Utiliser du verre recyclé concassé coûte donc un peu plus cher (10 $ à 30 $ la tonne), mais permet d'éviter l'enfouissement, si le transport vers une usine de recyclage n'est pas rentable. Selon Recyc-Québec, le coût d'enfouissement est de 50 $ la tonne à Montréal.

«Quand nous avons fait l'essai, Sherbrooke avait un excédent de près de 1000 tonnes de verre recyclé qu'elle ne parvenait pas à envoyer à une usine de recyclage, dit M. Lupien. Notre utilisation était bien moins chère que l'enfouissement.»

Sherbrooke recueille environ 2000 tonnes de verre par année avec son programme de recyclage, selon Recyc-Québec. En utilisant ce verre pour des routes, cela donnerait environ un demi-kilomètre par année, un rythme de construction raisonnable, selon M. Lupien. «On ne peut pas utiliser le verre concassé dans les tronçons de route où il y a des services publics enfouis, comme les systèmes d'eau, parce que les ouvriers qui en font l'entretien pourraient se blesser. Mais c'est idéal pour les stationnements, pour les rues résidentielles où il n'y a pas de services enfouis. Une ville de la taille de Sherbrooke a toujours quelques milliers de tonnes de classe A à acheter chaque année.»

L'ingénieur rapporte d'autres manières d'utiliser le verre dans la chaussée, notamment pour fabriquer un type d'asphalte appelé Glassphalt. Mais il faut alors un degré moins élevé de contamination.

Plusieurs études américaines ont montré que le verre recyclé peut remplacer les matériaux de classe A. Et pourtant, il n'est pas souvent utilisé à cette fin. Selon M. Lupien, c'est peut-être parce que des subventions aux usines de recyclage introduisent une distorsion qui désavantage l'utilisation du verre dans les chaussées.