Le vice-président et secrétaire général de Toyota Canada, Stephen Beatty, ne dira mot. Lors du lancement médiatique de l’utilitaire électrique bZ4X, il y a quelques jours, il a refusé de révéler le nombre d’unités attendues au Canada. « Je ne donnerai aucun chiffre, mais je répondrai seulement ceci : si quelqu’un est intéressé par ce véhicule, je lui recommanderais de le faire savoir immédiatement à son concessionnaire Toyota local. »

Le conseil s’applique à l’ensemble des consommateurs. Plusieurs, déjà, composent avec ces échéances à rallonge. Déjà, certains d’entre eux préfèrent différer leur achat de plusieurs mois.

Tout le monde le sait maintenant, la pandémie a entraîné à sa suite une cascade d’évènements désagréables. Pour l’industrie automobile, ceux-ci se résument à peu près comme suit : approvisionnement de pièces retardé, arrêts et redémarrages des chaînes d’assemblage, pénurie de semi-conducteurs, sans oublier les difficultés logistiques liées au transport des véhicules.

L’attrait de l’électrique

Mais ce gigantesque puzzle ne peut être reconstitué sans aussi tenir compte de la transition énergétique et de la pression exercée par certaines législations pour l’accélérer. Une situation qui a amené bon nombre de constructeurs à privilégier certains marchés plutôt que d’autres. Aussi bien le reconnaître, l’équilibre a rarement été atteint.

PHOTO FOURNIE PAR TOYOTA

Premier véhicule électrique de Toyota, le bZ4X débarque au Québec et en Colombie-Britannique au mois de juin. Les autres provinces canadiennes devront attendre à l’an prochain.

Tenez, la bZ4x, par exemple. Ce modèle dont la carrière commencera en juin ne sera offert, dans sa première année de commercialisation, qu’aux consommateurs du Québec et de la Colombie-Britannique. Le reste du pays ? Il devra patienter jusqu’à l’année prochaine. À noter que le constructeur japonais avait usé de la même stratégie lors des lancements des Prius Prime et RAV4 Prime. Un sujet sur lequel nous reviendrons plus en détail avec la publication de notre cahier spécial sur les véhicules électriques, le 18 avril.

La pression s’exerce également chez les concessionnaires qui noircissent, sans le savoir, leur carnet de commandes de consommateurs dont les noms se trouvent déjà inscrits ailleurs. Une pratique courante, selon plusieurs concessionnaires et constructeurs joints par La Presse.

Alexandre (il préfère que son nom de famille ne soit pas cité pour des raisons évidentes), par exemple, figure actuellement sur la liste d’attente de quatre établissements Volkswagen.

« Pour chacun d’eux, j’ai déposé les 1000 $ exigés pour acquérir un ID.4. » Le délai de livraison ? « Je n’en sais trop rien. Un an, peut-être davantage. Je suis dans le noir, aucun concessionnaire n’avance une date coulée dans le béton, mais je demeure convaincu que je l’aurai plus vite. »

L’occasion fait un bond

Faute de pouvoir s’offrir un véhicule neuf dans des délais jugés raisonnables, des milliers d’automobilistes se tournent vers l’occasion, où les prix, hélas, explosent.

Selon Yves Varin, directeur national de Black Book, « le consommateur paie aujourd’hui en moyenne 15 % trop cher pour un bien qui ne cessera de se dévaluer ». Il suggère de retarder de quelques mois l’achat. « À l’automne, le marché devrait être plus stable », prédit-il.