S’il y a une résolution que nous devrons tous prendre le plus rapidement possible, si ce n’est déjà fait, c’est bien celle de remplacer l’énergie fossile utilisée pour nos véhicules par une énergie verte. Ne restera plus qu’à savoir laquelle.

À ce chapitre, au-delà de l’électricité qui gagne de plus en plus d’adeptes ces années-ci, l’essence à hydrogène s’immisce graduellement dans les conversations des constructeurs automobiles.

À mon avis, il s’agit d’une excellente nouvelle en soi, car plus les options d’énergies vertes seront variées, plus les automobilistes auront la capacité de trouver celle qui conviendra le mieux à leurs besoins.

Or, si l’hydrogène semble vouloir être un bon « prospect » dans un avenir rapproché, c’est qu’une nouvelle technologie en cours de développement pourrait le rendre beaucoup plus attrayant qu’il ne l’a été jusqu’à présent.

Je parle ici de l’hydrogène en pâte, que certains vont jusqu’à surnommer la « powerpaste ».

Méfiance, quand tu nous tiens…

Pour l’instant, si les véhicules à pile à combustible à l’hydrogène n’ont pas encore conquis le cœur des automobilistes, c’est en raison du coût d’achat exorbitant que cette énergie implique et de la difficulté à trouver le carburant à proximité.

À ce jour, les coûts de distribution et la quantité massive d’électricité pour provoquer l’hydrolyse (nécessaire à son transport) représentent un obstacle majeur à l’utilisation généralisée de l’hydrogène. Actuellement, il faut savoir aussi qu’une station à hydrogène coûte entre 1,5 et 2,5 millions (en dollars canadiens).

C’est sans compter son caractère explosif. Car si l’hydrogène entre en contact avec l’oxygène, il peut se transformer rapidement en boule de feu. Avouons qu’il y a de quoi freiner les ardeurs.

Certains ont d’ailleurs encore bien gravé dans leur mémoire les horribles images de la combustion spontanée d’un dirigeable allemand géant. C’était en 1937, mais les souvenirs persistent. Ce dirigeable, muni de quatre moteurs au diesel, était en effet soulevé par 16 poches d’hydrogène. Résultat de cette saga : 36 passagers morts.

Voilà autant de facteurs qui sont dissuasifs même si, quand on y regarde de plus près, on se devra d’avouer que l’essence est sans doute plus dangereuse que l’hydrogène...

La solution est dans la pâte

La question se pose, donc. Que se passerait-il si on nous garantissait que l’hydrogène gazeux pouvait devenir tout à fait sécuritaire ? Assez sécuritaire pour le laisser dans votre garage, voire dans votre coffre à gants ? Et si l’hydrogène n’était même plus un gaz, mais qu’il nous était fourni sous forme de pâte facile à transporter et à emmagasiner ? Intéressant, non ?

Voilà sur quoi travaillent les chercheurs allemands de l’institut de recherche Fraunhofer, depuis quelques années. Ce produit, qui ressemble à une pâte dentifrice, aurait la qualité d’emmagasiner et de transporter l’hydrogène. Il pourrait, du coup, remplacer les réservoirs sous pression et faire toute la différence en ce qui concerne son utilisation comme carburant quotidien.

Vous voyez qu’on parle ici d’une innovation qui élimine les grands problèmes liés à l’hydrogène actuellement, notamment le transport et l’emmagasinage et, par conséquent, son coût exorbitant, mais il élimine aussi le problème de sa volatilité, une caractéristique peu banale lorsque vient le temps de vouloir l’enfermer.

Il faut savoir que pour pouvoir l’enfermer et le transporter, l’hydrogène doit atteindre une température de -253 oC, ce qui est encore plus froid que l’azote.

Enfin, le grand défi des constructeurs qui souhaitent utiliser l’hydrogène pour alimenter nos voitures, c’est de faire en sorte que ce carburant produise de l’énergie capable de propulser les moteurs, tout en ne rejetant que de l’eau dans l’environnement comme déchet. Les chercheurs allemands considèrent avoir trouvé la solution avec leur « powerpaste ».

Un peu d’eau du robinet, et voilà

Un autre avantage de l’hydrogène repose sur son utilisation. Selon les chercheurs, l’automobiliste trouvera la méthode de ravitaillement plutôt simple. En fait, il n’aura même pas à se rendre à une station-service.

L’automobiliste n’aura qu’à remplir un réservoir avec une quantité déterminée d’eau (de l’eau du robinet fera l’affaire), après quoi il ajoutera la quantité déterminée de pâte, selon la puissance désirée. Le mélange créera une réaction chimique qui poussera l’hydrogène dans une pile à combustible, où il se transformera en énergie.

On dit de ce procédé qu’il pourrait permettre de créer 10 fois plus d’énergie qu’une batterie lithium-ion, et ce, pour le même poids.

Pour l’ensemble de ces raisons, on comprend que la pâte à hydrogène soit vue comme une piste intéressante à explorer, même si on n’en est encore toutefois qu’au début de l’aventure.

Pour le moment, une seule usine de production a été créée et devrait fournir éventuellement 4 tonnes de pâte à l’hydrogène par année. Or, les chercheurs continuent à s’activer. Les études se raffinent pour que cette option puisse être utilisée sur nos routes dans un avenir pas trop lointain. À suivre.