(Calgary) La Pétrolière Impériale a indiqué jeudi avoir approuvé un investissement de 720 millions pour la construction d’une installation de diesel renouvelable à sa raffinerie de Strathcona, près d’Edmonton.

Le projet, annoncé pour la première fois en août 2021, devrait produire 20 000 barils par jour de diesel renouvelable une fois terminé.

Cela en fera la plus grande installation de ce type au Canada, dès son achèvement prévu en 2025, et l’un des plus grands complexes de diesel renouvelable en Amérique du Nord.

« Nous considérons être de classe mondiale. Quand on regarde autour du monde, il n’y a pas beaucoup d’usines (de diesel renouvelable) à 20 000 barils par jour ou plus », a souligné jeudi le vice-président de l’Impériale pour le secteur en aval, Jon Wetmore, lors d’une entrevue.

Le diesel renouvelable est le terme donné à un carburant à base de biomasse qui est chimiquement équivalent au diesel pétrolier. Cela signifie qu’il peut être transporté directement dans des oléoducs ou vendu dans des stations-service sans aucune modification de l’infrastructure ou mélange de carburant.

Le diesel renouvelable peut être fabriqué à partir d’huile végétale, de graisses animales, d’huile de cuisson usagée ou même d’algues. Dans le cas de l’Impériale, la raffinerie de Strathcona utilisera des huiles végétales locales, comme l’huile de canola, de soja et de tournesol.

L’Impériale s’associera également à l’américaine Air Products, établie en Pennsylvanie, qui construit une installation d’hydrogène près d’Edmonton, pour fournir de l’hydrogène par pipeline à la raffinerie de Strathcona. L’hydrogène à faible teneur en carbone sera également utilisé dans la production de diesel renouvelable.

En tant que produit à base de combustible non fossile, le diesel renouvelable produit à l’usine de l’Impériale devrait réduire les émissions annuelles de gaz à effet de serre d’environ trois millions de tonnes par rapport aux carburants conventionnels, a calculé la société.

Une partie importante de la production de diesel renouvelable de Strathcona sera envoyée en Colombie-Britannique pour soutenir le plan de la province visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’Impériale a également l’intention d’utiliser du diesel renouvelable dans ses activités, dans le cadre de ses plans de réduction d’émissions.

Le projet devrait créer environ 600 emplois directs dans le secteur de la construction, a estimé la pétrolière.

Un accueil favorable

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, s’est réjoui de l’annonce de l’Impériale, évoquant « un grand jour pour l’Alberta, le Canada et surtout pour les travailleurs » dans un commentaire publié sur le réseau Twitter.

« Cet investissement permettra de créer et de soutenir des emplois, de réduire les émissions et d’assurer la prospérité économique du Canada », a-t-il poursuivi.

La nouvelle a également été saluée par l’Institut Pembina, un groupe de réflexion sur l’énergie propre, qui l’a qualifiée d’« annonce positive ».

L’Institut Pembina, comme d’autres organisations environnementales, a critiqué l’industrie canadienne des sables bitumineux au cours de la dernière année pour son incapacité à agir rapidement avec ses plans de décarbonisation en cette période de prix élevés des matières premières et de bénéfices records pour les entreprises pétrolières.

L’Impériale, par exemple, a annoncé que son bénéfice du troisième trimestre de l’exercice 2022 avait plus que doublé par rapport à la même période un an plus tôt, totalisant 2,03 milliards — un chiffre impressionnant qui a été utilisé comme munition par des critiques qui jugent que l’entreprise et ses pairs peuvent se permettre d’investir davantage dans les initiatives environnementales.

L’Impériale est également membre de l’Alliance nouvelles voies, un consortium d’entreprises pétrolières et gazières qui se sont engagées à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Parmi les propositions de ce groupe figure un vaste réseau de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta, même si une décision finale d’investissement pour ce projet n’a pas encore été prise.

Jan Gorski, directeur du programme pétrolier et gazier de l’Institut Pembina, a estimé que pour prospérer dans un monde carboneutre, les sociétés énergétiques canadiennes doivent se diversifier en s’éloignant des combustibles fossiles, tout en réduisant l’empreinte carbone de leur production de production de pétrole et de gaz naturel.

L’annonce de l’Impériale sur le diesel renouvelable tombe dans cette première catégorie, a souligné M. Gorski.

« C’est un parfait exemple de cela, a-t-il affirmé. Mais nous attendons toujours de voir des investissements dans la réduction des émissions de leurs activités existantes. »