Tournage de Veille sur moi Jamais sans mon petit-fils

Guylaine Tremblay a eu l’idée de Veille sur moi en s’informant sur « la fillette de Granby », cette enfant martyre retrouvée morte dans des conditions atroces en 2019. Mais l’actrice n’avait pas envie d’aller dans l’horreur. « Ce qui m’avait marquée, c’est la grand-mère qu’on n’a pas écoutée », souligne-t-elle.

Rencontrée durant une pause de tournage du drame social en six épisodes, attendu sur l’Extra d’ICI Tou.tv l’automne prochain, Guylaine Tremblay s’explique encore mal pourquoi la grand-mère paternelle de l’enfant n’a jamais pu obtenir sa garde après l’avoir hébergée chez elle pendant 44 mois, et pourquoi l’enfant est restée avec son père malgré plusieurs signalements à la DPJ.

La comédienne a soumis cette réflexion à France Beaudoin en 2021, sachant que l’animatrice et productrice (qui s’avère également être son amie) désirait mettre en chantier une première série de fiction chez Pamplemousse Média, sa maison de production. Cette proposition était accompagnée d’un souhait : que Pascale Renaud-Hébert (M’entends-tu ?) écrive le scénario.

« C’est une grande dialoguiste, nous explique Guylaine Tremblay. Je savais qu’avec elle, j’atteindrais la vérité, l’authenticité dont j’avais envie, sans que ça tombe dans le cliché, le cliché des gens qui viennent d’un milieu plus modeste… Je voulais juste que ça soit vrai. Vrai sans jugement. »

Contre toute attente (puisqu’elle était passablement occupée), Pascale Renaud-Hébert a accepté l’offre, et s’est mise à développer l’histoire d’une grand-maman prénommée Maggie (Guylaine Tremblay) qui s’occupe de Zack (Jérôme Hébert), son petit-fils de 5 ans, depuis que sa fille Corinne l’a abandonné pour disparaître avec Joey (Guillaume Laurin), son conjoint toxique. Détail à mentionner : Maggie est loin d’être une sainte. Mais aujourd’hui, toute son existence est articulée autour de Zack. Serveuse dans un restaurant, elle arrondit ses fins de mois en posant des ongles à domicile, dans l’objectif de s’acheter une voiture d’occasion.

La série réalisée par Rafaël Ouellet (Arsenault & Fils) dépeint les conséquences du retour autant craint que souhaité de Corinne, trois ans plus tard, maintenant sobre et célibataire, qui désire reprendre son destin en main et s’occuper de Zack.

« Depuis que je suis devenue grand-maman, je comprends de tout mon cœur, de tout mon être : si on m’enlevait le droit de voir ma petit-fille, ce serait une tragédie », commente Guylaine Tremblay.

« Ligne de vérité »

Le tournage de Veille sur moi a commencé au début du mois de mai. Il s’étirera jusqu’au 21 juin. Durant notre visite du plateau, mardi après-midi dans un quartier résidentiel de Longueuil, nous avons vite compris le milieu dans lequel évoluent les personnages au cœur du récit. En arpentant le petit logement d’allure vieillotte de Maggie, où étaient entassés les comédiens (dont Karine Gonthier-Hyndman, en talons hauts et portant des leggings imprimés léopard), Rafaël Ouellet et toute son équipe, force est d’admettre que personne ne roule sur l’or.

« Je connais ça, indique Rafaël Ouellet. Je viens un peu du même milieu. Sans jeter de briques à certains collègues, je trouve qu’il n’est pas toujours représenté à la bonne hauteur. Des fois, c’est angélisé, et d’autres fois, c’est pris de haut. J’avais envie de trouver la ligne de vérité. »

Un premier rôle principal

Au départ, Pascale Renaud-Hébert n’était pas censée apparaître au générique de Veille sur moi. Mais une fois l’écriture des premiers épisodes terminée, elle s’est proposée pour camper Corinne. Après une séance de travail concluante avec Rafaël Ouellet et Guylaine Tremblay, elle a hérité du rôle.

« C’est la première fois que je joue quelque chose d’aussi chargé émotivement, souligne l’actrice, scénariste et dramaturge. Corinne, c’est quelqu’un d’extrêmement carencé. C’est une bonne personne, mais elle a manqué de tellement de choses en grandissant… Elle n’a pas eu l’amour et l’encadrement nécessaires, ce qui fait qu’elle arrive à l’âge adulte sans outils. »

Il s’agit également d’un premier rôle principal pour celle qui défend habituellement des personnages plutôt comiques, comme la physiothérapeute dans STAT.

Rose-Marie Perreault, Luc Senay, Guillaume Laurin, Étienne Lou, Reda Guérinik, Kathleen Fortin et Fabiola Nyrva Aladin complètent la distribution.

Matière à réflexion

Après avoir réalisé « deux séries assez compliquées », Aller simple : survivre et Virage : double faute, Rafaël Ouellet semble heureux aux commandes d’une production qui requiert des moyens moins ambitieux, étant donné les budgets serrés alloués aux séries québécoises.

Les tournages de Veille sur moi vont bon train, assure le réalisateur, qui souhaite concocter une minisérie tout en finesse comme Maid, cette production de Netflix, sortie en 2021, qui relatait le parcours sinueux d’une mère célibataire qui devient femme de ménage pour joindre les deux bouts.

Quant à Guylaine Tremblay, qui s’est fait grisonner les cheveux et tatouer un cœur doté d’ailes d’ange pour mieux incarner Maggie, elle souhaite que Veille sur moi amorce une réflexion sur l’attention qu’on donne aux enfants pris au centre de problématiques familiales.

« On doit se concentrer sur leur bonheur à eux, peu importe nos ego blessés, nos différends… Dans le cas d’une rupture, par exemple, c’est l’enfant qui compte. C’est tout ce qui compte, finalement. »