On s’attendait au documentaire définitif sur le groupe californien. Ce n’est pas vraiment le cas.

C’est un groupe emblématique des années 1960. Ils ont pondu des chansons qui vont résister à l’épreuve du temps. Leurs célestes harmonies vocales sont reconnaissables entre toutes. Pas de doute : les Beach Boys méritaient qu’on leur consacre un documentaire de deux heures.

Le problème, c’est que celui-ci n’est pas à la hauteur des attentes.

Malgré sa durée, The Beach Boys est ce qu’on appelle un « plat réchauffé », en ce sens qu’on n’apprend pas grand-chose de neuf sur le quintette californien, qui fut un temps le seul véritable rival américain des Beatles.

On y raconte les débuts des trois frères Wilson, Carl, Dennis et Brian, dans le garage familial, l’arrivée du cousin Mike Love, puis celle du meilleur ami Al Jardine, les premiers succès, la gloire quasi instantanée.

PHOTO MICHAEL OCHS, ARCHIVES GETTY IMAGES

Al Jardine, Brian Wilson, Mike Love, Carl Wilson et Dennis Wilson en 1964

On évoque dans l’ordre les chansons emblématiques du groupe, de I Get Around à Surfin’ U.S.A. en passant par Good Vibrations, et on nous rappelle pour la centième fois que ces « garçons de plage » ne savaient pas faire de surf, contrairement à l’image qu’ils mettaient de l’avant.

Comme toute bio qui se respecte, on aborde aussi les aspects plus sombres de cette incarnation du rêve californien qui tournera au cauchemar : l’emprise croissante du père Murry Wilson sur la formation, les abus de drogue, les tiraillements artistiques, les mauvaises fréquentations du batteur Dennis Wilson et, bien sûr, les failles psychologiques du génial compositeur Brian Wilson, qui finira par péter les plombs à force de perfectionnisme, sans parvenir à terminer son fameux chef-d’œuvre, l’album Smile.

Occasion ratée

On pourrait dire que The Beach Boys est une bonne introduction pour les nouvelles générations, qui ne connaissent pas l’histoire de la formation au million d’albums vendus. C’était d’ailleurs probablement l’objectif. Les enjeux sont posés de façon claire. Et les images d’archives – nombreuses – sont probablement la plus grande force du film. Malgré tout, le résultat s’avère décevant.

Construit de manière on ne peut plus conventionnelle, The Beach Boys est aussi peu imaginatif que son titre. Le film se déroule en ordre chronologique, de façon linéaire, sur le modèle d’une banale « musicographie ».

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Brian Wilson dans un studio d’enregistrement, en 1966

Les trois anciens membres du groupe original (Mike Love, Al Jardine et Brian Wilson) se confient à tour de rôle, mais on a l’impression d’entendre de vieilles cassettes usées qui tournent en boucle.

Le film se révèle encore plus contrariant sur le plan historique, puisque le récit s’arrête brutalement en 1974 après la sortie de l’album Holland et le regain d’intérêt pour le groupe à cette époque. Rien sur les 50 années suivantes. Ni sur la longue dérive intoxiquée du batteur Dennis Wilson, mort noyé en 1983. Ni sur la rechute mentale de Brian Wilson, exploité de longues années durant par son psychiatre. Ni sur son retour miraculeux sur scène à la fin des années 1990. Ni sur la mort de Carl, le plus jeune des trois frères. Et pas grand-chose sur les nombreuses rivalités et les batailles judiciaires entre les membres du groupe, ici à peine effleurées.

La finale, hélas, ne sauve pas le film. Une fois que tout a été dit, tout ce beau monde se retrouve pour une (apparence de ?) réconciliation, à trinquer sur la plage où avait été prise la photo de leur premier album. Cette réunion pourrait offrir un moment d’émotion. Mais au lieu de s’attarder sur la scène, la caméra s’éloigne aussitôt et le générique se met à défiler sur nos amis en arrière-plan.

C’est ce qu’on appelle une occasion ratée. À l’image de ce film, qui n’est pas le documentaire définitif sur le groupe que l’on espérait voir.

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The Beach Boys

Documentaire

The Beach Boys

Frank Marshall et Thom Zimny

Avec Brian Wilson, Mike Love et Al Jardine

1 h 53

6,5/10