Se loger convenablement représente un défi pour un nombre grandissant de gens. La série documentaire Les clefs du logis, présentée à Savoir média, met le doigt sur les problèmes et montre des solutions.

Choisir son lieu d’habitation se résume souvent à une équation mathématique : chacun évalue le type d’appartement ou de propriété qu’il peut s’offrir – ou qu’il peut trouver – selon son budget. Il est d’ailleurs beaucoup question du coût du logement dans la série Les clefs du logis, réalisée par Vanessa Boisset. Que l’animatrice Vanessa Destiné discute avec des familles ou des immigrants, parler d’argent est incontournable.

Ce qui est en ressort ? Que se loger coûte de plus en plus cher, bien sûr, ce qui rend l’accès à un logement adéquat et bien situé de plus en plus difficile. « On voit comment le manque d’accès à un logement décent entraîne toute une série de problèmes qui vont juste enfoncer les gens dans la pauvreté et augmenter le fossé entre les riches et les pauvres », illustre l’animatrice.

Parler de logement, c’est toutefois bien plus que de parler d’investissement immobilier. Les six épisodes de la série s’attardent chacun à un groupe : les familles, les étudiants, les aînés, les adultes à besoins particuliers, les personnes à faibles revenus et les nouveaux arrivants.

Vanessa Destiné va chaque fois à la rencontre de gens qui racontent leur expérience et à celle d’experts qui posent un regard large sur la situation.

Il est question de planification urbaine, d’environnement, d’accès aux services et aux transports en commun, d’étalement urbain, mais aussi de bon voisinage, d’entraide et de dignité humaine. Bref, ce qui est au cœur des Clefs du logis, c’est le vivre-ensemble au sens large. Et l’imagination des gens confrontés à des problèmes de logement.

Des idées porteuses

Vanessa Destiné va notamment à la rencontre de deux mères seules qui ont décidé d’acheter un duplex ensemble pour rester dans le quartier Limoilou, à Québec, où elles ont leurs racines. Elles racontent les plaisirs de cette « cohabitation », mais aussi les défis administratifs auxquels elles ont fait face.

L’animatrice visite aussi un groupe de cinq aînés qui ont décidé de former une coopérative et de vivre en colocation à Sutton. L’idée : conserver leur autonomie le plus longtemps possible, rassembler leurs forces pour partager les tâches tout en conservant chacun sa liberté. Le principe de l’habitation collective est aussi mis de l’avant par l’UTILE, OBNL qui développe des logements pour les étudiants.

PHOTO TIRÉE DE LA SÉRIE LES CLEFS DU LOGIS

Un groupe de cinq aînés a formé une coopérative pour vivre ensemble à Sutton, dans les Cantons-de-l’Est.

L’idée d’adopter des stratégies plus communautaires qu’individuelles afin d’améliorer l’accès à des logements de qualité revient à de nombreuses reprises dans la série. À travers des coopératives d’habitation, notamment. « L’obstacle est souvent le cadre légal, de convaincre la bureaucratie, mais je pense que c’est une solution qui est beaucoup plus accessible qu’on le croit », estime Vanessa Destiné, qui déplore toutefois le manque d’information et les préjugés envers ce mode de cohabitation.

Les clefs du logis aborde aussi les défis à venir : l’enjeu que représente le vieillissement de la population (et le fait que plus de 25 % des aînés, en particulier des femmes, se retrouvent dans une situation financière précaire), l’étalement urbain et l’inévitable nécessité de densifier les villes. « Les grandes tours de condos font peur à beaucoup de gens, mais l’avenir passe par ces grandes tours où on peut loger un maximum de gens. Mais bien les loger », précise-t-elle, en faisant référence aux familles.

Ce n’est peut-être pas une conversation qu’on est prêts à avoir, mais il faut parler du désir collectif qu’on a en Occident d’avoir une maison unifamiliale, une grande cour et deux voitures, alors qu’on sait très bien que ce n’est pas un modèle viable dans un futur rapproché.

Vanessa Destiné, animatrice de la série documentaire

Les clefs du logis relève par ailleurs que bien des villes ne permettent tout simplement pas la construction d’autres types d’habitation que des maisons unifamiliales sur leur territoire, sans même offrir la possibilité de les transformer en résidences bigénérationnelles.

Les clefs du logis navigue ainsi entre histoires humaines et contraintes administratives pour brosser un portrait éloquent des enjeux de l’habitation, tout en mettant l’accent sur des projets innovants et inspirants. Les citoyens et leur bien-être sont toujours au centre de la série visiblement préoccupée par la justice sociale.

« Il y a quelque chose de profondément inhumain à dire qu’il y a différentes classes de citoyens, juge Vanessa Destiné, et qu’on va garder les plus beaux logements pour une minorité de personnes et que les autres n’ont pas à se plaindre parce qu’au moins, ils ont un toit sur la tête. »

Sur Savoir média dès mercredi, à 20 h