Si les déboires du couple maudit de la famille royale exilé en Californie vous exaspèrent, passez votre tour. Si cela vous fascine, lisez ce qui suit. Vous allez être servi. Résumé des points forts de la deuxième partie de la série Harry & Meghan, en cinq temps.

1- Ceci n’est pas une « brique »

La série représente certes quelques cailloux jetés aux fenêtres de l’édifice, mais pas vraiment une « brique » qui en aurait traversé une, a nuancé un analyste et correspondant royal de la BBC, jeudi, à la suite de la diffusion des trois derniers épisodes de la série Harry & Meghan, sur Netflix, lesquels en remettent une couche en matière de mauvais traitements infligés au duc et à la duchesse de Sussex par la presse à scandale, mais aussi par la famille royale. « Mais ça ne nuira pas sérieusement à la famille royale comme elle aurait pu le craindre. » À preuve, ni le Palais de Buckingham ni le Palais de Kensington ne prévoient réagir, a indiqué la BBC.

Les premiers épisodes, certes décriés par la critique (notamment la presse à potins, qui y a vu des propos « indécents » et « irrespectueux » de l’autre côté de l’Atlantique, et qui ne manquera pas ici d’en rajouter), ont tout de même fracassé tous les records en matière de visionnement, à titre de « documentaire » le plus vu de l’histoire de la plateforme (81,55 millions d’heures de visionnage dans le monde) pour une première semaine de lancement. La semaine dernière, il s’agissait de la série en anglais la plus regardée, tout juste derrière Wednesday, de Tim Burton, sur Netflix, qui n’y est pas allé de main morte avec sa promotion, bandes-annonces et extraits choisis diffusés à profusion.

2- Le point de rupture

La série reprend donc là où elle nous avait laissés, au mariage du prince Harry et de sa princesse, l’actrice américaine Meghan Markle. Tout va pour le mieux dans ce conte de fées des temps modernes (même si les jeunes mariés vivent dans une maisonnette où Harry se cogne partout et où, ah oui, Oprah vient aussi prendre un thé) jusqu’à un voyage officiel du couple princier en Australie. Ils sont alors au top de leur popularité, Meghan faisant la une de tous les tabloïds. Or voilà que tout cela finit par porter ombrage aux autres membres de la famille royale. Notamment à l’autre prince et héritier, William, sans parler de Kate (dont on n’entendra plus parler du reste de la série). Bien malgré elle, Meghan « vole la vedette », commente Harry, « au lieu de se contenter du second rôle qui lui est destiné ». « Tout part d’une jalousie ! », constate aussi le journaliste et analyste de la monarchie Marc Laurendeau, invité à commenter ce documentaire qui n’en est pas un. « Cette série manque cruellement de regard indépendant, dit-il. C’est uniquement leur point de vue ! » Cela dit, « c’est leur interprétation, et elle est plausible ».

PHOTO BEN BIRCHHALL, ASSOCIATED PRESS

Le quatrième épisode commence avec le mariage de Harry et Meghan.

3- L’exil

On revient ici abondamment sur la machine médiatique, notamment le « jeu malsain » liant la famille royale à la presse à potins. Harry, qui dit observer les « rouages » de ce système depuis 30 ans, en remet, racontant comment les équipes de communication des membres de la famille jouent les unes contre les autres, faisant fuiter des informations sur l’un pour éclipser une nouvelle sur un autre. Meghan et lui en font abondamment les frais, à coups de fausses nouvelles et autres inexactitudes. Sans parler des menaces de mort en ligne, lesquelles ont joué sur la santé mentale de Meghan, comme on sait (et il faut entendre sa mère témoigner : drôlement troublant pour une maman). Quand le couple terrible décide de s’exiler (d’abord au Canada), l’information fuite dans les médias. Puis, quand Harry fait une rencontre au sommet avec la famille royale (sans Meghan) pour proposer une solution de semi-retrait, le Palais publie un communiqué en son nom sans l’aviser. À noter que tout en dénonçant ce sale jeu de coulisses (« c’était terrifiant de voir mon frère me hurler dessus, mon père dire des choses complètement fausses, et de voir ma grand-mère rester silencieuse »), Harry s’empresse d’apporter des nuances. Il faut comprendre que « de leur point de vue », il le sait très bien, « c’est leur responsabilité, leur mission, au service de la monarchie ». D’où l’exil. N’empêche : « cela fait paraître Charles et William comme des intrigants, note Marc Laurendeau, des manipulateurs. Ça fait mal ».

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Prince Harry, Prince William, Meghan Markle, Kate Middleton et le roi Charles III

4- Poursuite et fausse couche

Suit l’exil du couple (« ma décision » et non celle de Meghan, insiste Harry), d’abord au Canada, puis, une fois qu’on leur a retiré leur service de sécurité (alors qu’ils vivent littéralement encerclés par les paparazzis), en Californie, chez un bon samaritain et nouvel ami, le producteur américain Tyler Perry. On y voit leur fils Archie faire ses premiers pas, Harry jouer avec lui pieds nus, dans un portrait du quotidien d’une intimité royale jusqu’ici inégalée. Jusqu’à la saga de la poursuite de Meghan contre le Daily Mail, tabloïd ayant publié, contre son gré, une lettre destinée à son père. L’affaire a été un tel cauchemar qu’elle en a subi énormément de stress. Harry dénonce haut et fort : « Je pense que ma femme a fait une fausse couche à cause des actions du Daily Mail. » Sauf que cette fois, le couple a gagné. Et malgré une énième tentative d’un membre de l’équipe du duc de Cambridge de témoigner en appel, la Cour a statué et condamné le journal. Victoire pour la duchesse (jusqu’à quand ?), saluée par nulle autre que Beyoncé, sans oublier son amie Serena Williams, laquelle témoigne ici brièvement, à titre de membre de la « nouvelle famille ». Nouvelle famille qui s’élargit, vers la toute fin de la série, avec la naissance de la jeune Lilibet Diana, à la chevelure du blond quasi vénitien de sa grand-mère.

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La presse à potins est un vrai cauchemar pour le couple.

5- À voir ou pas ?

« Avec un grain de sel », répond Marc Laurendeau, qualifiant la série de « sirupeuse et caramélisée », quoique « passionnante » par moments. Notamment ces passages entourant l’avenir du Commonwealth, lequel a raté une belle occasion de rallier bien des troupes. « Une princesse noire, ça aurait été parfait, dit-il, mais ils ont raté leur chance. » L’analyste croit aussi que la série devrait faire quelques vagues, sinon au Royaume-Uni (« ils sont tellement collés sur la couronne et la défense absolue de l’institution »), du moins aux États-Unis. Et partout ailleurs, d’ailleurs. « Parce que cela pose une question très dure, et je parle de racisme, de cette incapacité de la monarchie à évoluer, et du côté manipulateur de la presse à potins. […] Ailleurs sur la planète, ça va faire du tort. » Bref, on n’a certainement pas fini d’en entendre parler, d’autant que Harry publiera ses mémoires, début janvier…

PHOTO DANIEL LEAL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une téléspectatrice devant un épisode de la nouvelle série documentaire de Netflix Harry & Meghan.

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