De Clémence à Diane Dufresne, la comédienne et metteure en scène Jade Bruneau est derrière des pièces sur le destin de femmes d’exception au Québec. Alors qu’elle présente deux spectacles cet été, La Corriveau et Belmont, La Presse a parlé avec elle de sa passion pour le théâtre musical.

Depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre, en 2013, Jade Bruneau a joué dans une douzaine de spectacles de théâtre musical. « J’ai eu la chance de faire partie des distributions de productions à succès comme Belles-Sœurs, Grease, Demain matin, Montréal m’attend, en plus de défendre des spectacles de théâtre musical plus intimes », explique-t-elle en entrevue.

Celle qui codirige la compagnie le Théâtre de l’Œil ouvert (avec Simon Fréchette-Daoust) s’est donné la mission de participer au rayonnement du théâtre musical en développant une dramaturgie québécoise propre au genre. Avec des spectacles comme Clémence, son hommage à Clémence DesRochers, présenté dans une vingtaine de villes au Québec en 2022. Ou encore La Corriveau, la soif des corbeaux, qui raconte le terrible destin de Marie-Josephte Corriveau, qui fait partie du folklore québécois. Ce spectacle sera repris dès juin à travers la province.

Extrait de La Corriveau, la soif des corbeaux

Jade Bruneau fait une distinction entre les comédies musicales anglo-saxonnes, traduites et adaptées pour le Québec, et le théâtre musical, comme L’homme de la Mancha ou Les choristes. Tant dans le fond que dans la forme. « En comédie musicale, la création originale est un très, très long processus. Il faut compter sur d’énormes équipes. On ne monte pas une comédie musicale à Broadway ou à Londres en quelques mois. Par exemple, Hamilton a été produite sur une période de 10 ans ! Et ces spectacles peuvent compter sur une douzaine de producteurs pour financer un projet sur plusieurs années. »

Un effet de levier

La comédienne croit néanmoins que les succès de La mélodie du bonheur, Fame ou Annie (72 000 billets vendus l’été dernier) aide la création en théâtre musical.

À mon avis, ce sont deux choses différentes et complémentaires. Et il y a de la place pour les deux au Québec, car les musicals de Broadway peuvent servir de levier au théâtre musical original. Si le public apprécie les comédies musicales américaines, il risque de s’intéresser aux autres formes.

Jade Bruneau

Cela reste tout un défi d’attirer les gens vers des œuvres moins connues. « Il faut développer notre expertise et notre manière de faire du théâtre musical, dont l’histoire est assez récente ici, dit-elle. Or, c’est un art complet et très accessible. Avec mes pièces, j’ai envie de séduire tout le monde… même ceux qui n’aiment pas le théâtre musical ou qui trouvent ça quétaine. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jade Bruneau (derrière Annie Villeneuve) durant les répétitions de la comédie musicale Grease, en 2016

La folie de Diane Dufresne

Avec son nouveau spectacle, Belmont, Jade Bruneau promet « un voyage au cœur de l’intensité féminine ». Elle invite les spectateurs à plonger dans l’univers coloré et la folie de Diane Dufresne, une artiste phare de la chanson francophone et une femme importante au Québec : « Diane Dufresne a été un tournant pour toute une génération de femmes artistes déjantées, marginales, excentriques », estime Jade Bruneau.

Sur la scène, cinq actrices vont jouer cinq facettes de la Dufresne : la diva (Catherine Sénart), l’amoureuse (Laetitia Isambert), l’artiste (Sharon James), la folle (Geneviève Alarie) et la petite fille (Laur Fugère). Elles seront accompagnées par un maître de piste/clown (Pierre-Olivier Grondin). « On est dans l’imaginaire, le rêve et la folie de Parc Belmont. Un univers qui ne ressemble à rien d’autre », conclut Jade Bruneau.

La Corriveau, la soif des corbeaux. À la salle Albert-Rousseau, à Québec, dès le 6 juin, puis au Monument-National, à Montréal, du 14 au 17 juin. En tournée à l’hiver 2024.

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Belmont. Au Théâtre Alphonse-Desjardins, à Repentigny, à partir du 4 août.

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