Démarrer un cirque en région, dans un site extérieur de surcroît, voilà l’idée périlleuse qu’a concrétisée Elyme Gilbert en 2019. Ralenti par la pandémie, le Cirque de la Pointe-Sèche a finalement pu présenter sa deuxième création, Charcoal, cet été. La Presse a assisté à ce spectacle de haute voltige à la fois ludique et poétique.

(Saint-Germain-de-Kamouraska) Enclavé à Saint-Germain-de-Kamouraska au pied d’une paroi rocheuse de 60 pieds, le site extérieur du Cirque de la Pointe-Sèche a quelque chose de magique, surtout lorsqu’il s’illumine, le soir. Il est alors possible d’admirer, dans des conteneurs maritimes reconvertis en amphithéâtre pour accueillir le public, toute la magnificence de cette salle de spectacle inusitée, et de son impressionnante scène verticale, intégrée à la nature environnante et dotée d’ancrages, de poulies, de cordages et de trampolines fixés à même la roche.

Elyme Gilbert a notamment été gréeur au Cirque du Soleil et rêvait d’ouvrir son propre cirque extérieur dans la région après s’y être établi, sur un immense terrain qu’il a acquis il y a plus d’une dizaine d’années dans ce village du Kamouraska qui s’appelait autrefois Pointe-Sèche. Ce qu’il a fait en 2019 avec le spectacle Naval, et le projet de présenter une nouvelle création chaque été par la suite. Mais la pandémie a forcé le cirque à annuler sa saison en 2020, puis à nouveau en 2021.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Elyme Gilbert, fondateur du Cirque de la Pointe-Sèche

Décourageant ? Certes, d’autant plus qu’un spectacle était fin prêt à être présenté. « On avait toute notre équipe, nos affiches, on avait vraiment peaufiné ce spectacle. Mais comme plusieurs personnes n’étaient plus disponibles après deux ans, on a décidé de laisser tomber au lieu de s’acharner. On est reparti avec une nouvelle personne à la mise en scène et de nouveaux artistes », relate celui qui agit à titre de directeur de production technique.

Pendant ce temps, l’homme ne s’est pas tourné les pouces, au contraire. Il en a profité pour mettre en branle Les Perchoirs du Cirque, un original projet d’hébergement en nature. Accrochées en hauteur dans la montagne environnante, cinq petites maisons à l’architecture inusitée accueillent les visiteurs depuis l’été 2021 (pour en savoir plus, lisez notre article ce samedi 27 août dans la section Voyage).

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Une des cinq maisonnettes en nature des Perchoirs du Cirque

Il a aussi démarré un autre projet porteur : transformer l’église du village pour créer la première école de cirque de la région. Une campagne de sociofinancement a permis d’amasser 55 000 $, somme qui servira à acheter et installer divers équipements. Dès octobre, des cours d’initiation au cirque pour petits et grands seront offerts sur place. « Éventuellement, on aimerait proposer des ateliers, des résidences de création, des camps de jour », énumère M. Gilbert.

Au cœur de la mine

Mis en scène par Alix Dufresne, avec une musique originale signée Maxime Éthier, Charcoal nous plonge dans l’univers sombre de la mine. Nous y suivons un petit groupe de travailleurs de l’ombre, le visage barbouillé de suie, extrayant sans relâche des entrailles de la terre de brillants minerais. À l’écart des autres, un jeune homme rêve de soleil, de liberté, de voler vers la sortie. Trouvera-t-il son chemin ?

Moments du spectacle Charcoal
  • Un numéro de jonglerie

    PHOTO MIREILLE LESSARD, FOURNIE PAR LE CIRQUE DE LA POINTE-SÈCHE

    Un numéro de jonglerie

  • Le highline (slackline en hauteur) est bien présent dans Charcoal.

    PHOTO MIREILLE LESSARD, FOURNIE PAR LE CIRQUE DE LA POINTE-SÈCHE

    Le highline (slackline en hauteur) est bien présent dans Charcoal.

  • Le trampo-mur, une nouvelle discipline intégrée au spectacle cette année

    PHOTO MIREILLE LESSARD, FOURNIE PAR LE CIRQUE DE LA POINTE-SÈCHE

    Le trampo-mur, une nouvelle discipline intégrée au spectacle cette année

  • Monocycle sur un fil tendu

    PHOTO MIREILLE LESSARD, FOURNIE PAR LE CIRQUE DE LA POINTE-SÈCHE

    Monocycle sur un fil tendu

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Évoquant ici le personnage d’Icare, là la métaphore du canari dans la mine de charbon, Charcoal est un conte poétique, une invitation à se débarrasser de ses œillères pour oser explorer de nouveaux territoires et aller vers l’inconnu.

Petits comme grands y trouvent leur plaisir, alors qu’on passe des rires à la surprise, de l’onirique au ludique, du terrifiant à l’exaltant.

Les douze artistes — dont deux musiciens — y reproduisent des scènes de la vie quotidienne dans les mines, qui deviennent des prétextes pour effectuer divers numéros : jonglerie, corde volante, mât chinois, danse verticale sur les parois rocheuses, acrobaties aériennes avec sangles ou chaînes, trampo-mur, high line (slackline en hauteur), high dive (saut en hauteur sur un matelas gonflable)… Loin des superproductions aux grands moyens, le spectacle sait créer l’émotion en utilisant des techniques plus artisanales et en sortant des sentiers battus.

Charcoal est présenté jusqu’au 4 septembre sur le site du Cirque de la Pointe-Sèche, à Saint-Germain-de-Kamouraska.

Consultez le site du Cirque de la Pointe-Sèche