Young Rose a lancé deux excellents albums et un micro de quatre superbes chansons en 2023. Il ne désire pas dévoiler ses plans pour l’année en cours tout de suite, mais l’artiste de 23 ans assure qu’il sera reconnu parmi les meilleurs sous peu.

« Je n’aime pas me fixer des objectifs parce que ça me met des limites. Que ce soit un Oscar, un Emmy, un Grammy, anything, I’m getting them all. Je suis rappeur et producteur, mais c’est juste une partie de ma vie. Moi, je veux tout faire ! Je veux prendre des artistes en main et les aider à atteindre leur plein potentiel. »

Ce que Malik Robitaille-Seck avance n’est pas de l’arrogance. Il imagine son avenir avec optimisme et conviction, car sa confiance en ses moyens nourrit sa motivation et lui permet de cheminer dans un milieu où il y a peu d’élus. L’industrie de la musique n’est pas tendre et la compétitivité est intrinsèque au hip-hop.

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Qu’il rappe en anglais lui accorde le potentiel d’un auditoire plus large, surtout que ses chansons possèdent des qualités pouvant plaire à un vaste public. En contrepartie, au Québec, les portes ne commencent à s’ouvrir aux artistes anglophones que lorsqu’ils sont accompagnés de centaines de milliers d’auditeurs mensuels. Ce qui est difficile à atteindre avec peu de soutien.

De Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île de Montréal, Young Rose est né dans une maison en français, d’une mère québécoise et d’un père sénégalais. Ses parents sont d’ailleurs à l’origine de son nom d’artiste : RObitaille et SEck s’additionnent pour former Rose. « Young, c’est un nom de rappeur. J’étais corny quand j’étais plus jeune… »

Grandir dans l’Ouest-de-l’Île et la musique qu’il écoute à l’adolescence déterminent sa langue d’expression artistique. « Je trouvais que mon accent était meilleur quand je chantais et rappais en anglais plutôt qu’en français. J’étais aussi plus à l’aise pour écrire. Ça venait plus naturellement. »

C’est au sein du groupe F Squad que Rose fait ses débuts, vers l’âge de 16 ans. Plus sérieux que ses pairs, il lance ses premiers morceaux solos en 2018. Une formation en conception sonore à l’Institut Trebas lui apprend les bases de la production et le mène à créer ses propres beats. Il est d’ailleurs derrière près de la moitié de ceux de The King Is Dead, paru en juin dernier, auquel nous avons accordé une note de 8/10.

(Re)lisez notre critique de The King Is Dead

Quand on demande à Young Rose pourquoi il a choisi ce titre alors qu’il s’agit de son premier véritable album, il nous explique que son prénom, Malik, signifie « roi » dans le Coran et que pour lui, il s’agissait d’une « renaissance ». « Il y a eu un shift dans ma musique. J’ai tué le gars qui venait avant. Dans la vie, je suis encore Malik, mais c’était le temps de level up en tant qu’artiste. »

À fleur de peau

C’était évident sur The King Is Dead, mais ce l’est encore plus sur Try Knot to Slip, lancé en décembre dernier : Young Rose rappe l’amour comme peu d’autres. En entrevue, il nous résume le sens de chacun des 17 titres produits de main de maître par Nomstks et la signification de l’ensemble de l’œuvre, qui raconte le parcours tortueux d’une relation entre un jeune homme et une jeune femme. « C’est une histoire et un personnage que j’ai inventés, basés sur mon expérience personnelle avec l’amour. »

Extrait de Rock Bottom
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Même s’il s’agit d’un protagoniste fictif, sa vulnérabilité est celle que lui accorde son créateur. Les rappeurs affichent davantage leurs émotions qu’il y a une vingtaine d’années, mais Young Rose le fait avec une sincérité palpable. Le MC nous indique que l’authenticité est pour lui primordiale et que la féminité le fascine. « J’ai une passion pour les femmes et j’adore en parler dans ma musique. Ce qu’elles amènent dans la vie de tous les jours est magnifique. […] Ma mère, et je suis d’accord avec elle, veut que ma musique reflète que je respecte [les femmes] au plus haut niveau. C’est la première qui me le dirait si ça n’allait pas. Il y a quelques années, elle me disait parfois : “Relaxe, c’est trop.” Je répondais : “C’est de l’entertainment !” Aujourd’hui, elle aime la poésie, elle aime comment c’est fait, elle aime les mélodies », raconte Young Rose en souriant.

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Maintenant qu’il a fait le choix d’une carrière en musique – « Je suis artiste à temps plein, du moment où j’ouvre les yeux jusqu’à ce que je les ferme, puis même pendant que je dors » –, Young Rose est heureux de pouvoir compter sur l’appui de ses parents et est reconnaissant de leurs décisions. « Ma mère m’a inscrit dans tous les trucs d’art, de danse, de musique possibles. J’ai fait du piano toute ma jeunesse. J’étais un jeune prodige qui faisait des récitals devant des gens de 70 ans… et je détestais ça. Je demandais chaque fois pourquoi je devais y aller et ma mère me répondait : “On ne sait jamais, tu vas peut-être en avoir besoin un jour.” »

Elle avait raison et Young Rose compte le prouver au monde.

Qui est Young Rose ?

Malik Robitaille-Seck

Rappeur anglophone de Pointe-Claire, âgé de 23 ans

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