Olivier Langevin s’est effacé au cours des dernières années pour mieux servir les projets de son complice Fred Fortin – il a réservé ses plus récents riffs à Gros Mené il y a deux ans. On inverse enfin les rôles avec À demain peut-être, sixième album de Galaxie, le premier depuis Super Lynx Deluxe, paru en 2018. L’attente en a valu la peine.
Au cœur de la nébuleuse fuzzée émanant du Lac-Saint-Jean, Galaxie exulte, avec une touche plus raffinée, très moderne, merci aux ambiances électros et aux rythmes résolument dansants qui rendent le vaisseau amiral de Langevin si unique sur la scène musicale du Québec.
L’univers façonné par l’as guitariste est préservé sur À demain peut-être, bien qu’il se permette quelques jouissifs écarts de conduite. En effet, Le spleen de Montréal et l’improbable HHHEEENNN ! ! ! sont des bibittes blues qui témoignent de la spontanéité de l’effort créatif de Langevin et de sa bande. Tarentule exprime la même urgence, dans un jam rock pesant – Pierre Fortin a probablement tué son drum après l’enregistrement de cette chanson. Une ambiance disjonctée d’abord déployée dans Ramen soupe, brûlot psychopunk qu’on avoue avoir écouté en boucle.
À l’opposé du spectre, la très électro Cucumber est aiguillée par un drone synthétique « distorsionné » sur lequel se déploie un refrain où la batterie et la guitare reprennent leurs droits pour former un ensemble complètement décalé. C’est là que l’on veut que Galaxie nous amène.
Reste que l’on retient d’abord les chansons qui portent l’ADN dansant du groupe. En ouverture, Anomie a tôt fait d’installer son groove dans les accords crépitants de la six cordes de Langevin et les chœurs surmultipliés de Karine Pion. On en ajoute une couche sur Dolbeau, une explosion des claviers triturés signée François Lafontaine, qui nous fait croire un instant que Dolbeau est une bouillonnante mégapole. « No stress, j’vas t’arranger ça à la mode de chez nous », nous assure de son côté Olivier Langevin.
ROCK
À demain peut-être
Galaxie
Lazy at Work