Pendant toute sa carrière, le chanteur Karl Tremblay a été un meneur de foule hors pair et d’une immense générosité. Mardi soir, lors de la cérémonie qui lui était dédiée, le public lui a rendu au centuple tout le bonheur qu’il leur a procuré.

Ils étaient plus de 14 000 personnes pour lui offrir son 10e et dernier Centre Bell lors de cette émouvante soirée diffusée aussi sur les réseaux sociaux. Jusqu’à 121 000 personnes l’ont regardée en direct sur la page Facebook des Cowboys Fringants.

« Karl a vécu de grands moments de sa vie entre ces murs. Des murs qui vibrent encore grâce à toute cette joie, et si on écoute bien, on entend encore sa voix retentir partout », a dit le maître de cérémonie de la soirée, Émile Proulx-Cloutier.

Il a rendu dès le début un hommage très sincère au chanteur.

Ça aurait pris un lieu 100 fois plus grand pour vous accueillir tous. Mais il ne serait pas suffisamment grand pour contenir tout l’amour que le Québec ressent pour Karl, ni la peine que son départ laisse dans son sillage.

Émile Proulx-Cloutier

Après une minute de silence chargée, une des rares chansons écrites par Karl Tremblay, Pub Royal, a été interprétée par la chanteuse Alexia Gourd, qui joue justement dans la comédie musicale du même nom. Elle était accompagnée d’un quintette à cordes de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Les Cowboys Fringants, c’est aussi une histoire d’amitié et d’amour, a rappelé le maître de cérémonie. Puis avec de très longs applaudissements, la foule a accueilli les trois membres du groupe, Marie-Annick Lépine, Jean-François Pauzé et Jérôme Dupras.

Ils ont pris la parole l’un après l’autre, l’émotion palpable même à travers nos écrans – on imagine sur place les larmes.

« Il aimait sans piédestal »

Le parolier et alter ego de Karl Tremblay, Jean-François Pauzé, a d’abord rappelé à quel point son ami aimait la vie. « C’était un être foncièrement joyeux, qui était presque toujours heureux. » C’était aussi un homme modeste et humble, qui a fini par surmonter sa timidité parce qu’il savait que sa seule présence faisait du bien.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jean-François Pauzé

« Karl prenait toujours son temps. Il aimait sans piédestal. » Et celui qui avait le bonheur facile aura passé sa vie à jouer, dit Jean-François Pauzé. « Au travail, sur scène, dans ses loisirs. S’amuser était une philosophie de vie. Il rassemblait ses proches et les foules parce qu’il était heureux. »

C’est aussi l’ami qui lui manquera, bienveillant, réconfortant, plein de chaleur, a-t-il ajouté avec émotion. Les trois amis se sont serrés dans leurs bras avant que Marie-Annick Lépine rende hommage à son amoureux.

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Jean-François Pauzé, Jérôme Dupras et Marie-Annick Lépine

« C’était un grand timide dans la vie, un leader charismatique quand il foulait les planches. Il avait un talent inné pour le chant. Une puissance vocale incroyable, et parce qu’il était un humain sensible et bon, il intériorisait chaque parole avec justesse. »

La musicienne a rappelé à quel point Karl Tremblay a aimé plus que tout réunir les gens dans le plaisir et les loisirs, et comment il savait entraîner les gens dans chacune de ses passions.

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Marie-Annick Lépine

Je t’aime, Karl Tremblay, on t’aime, notre gros. Notre sapin géant. Tu vas rester dans nos mémoires pendant tellement longtemps. La première chose qu’on a peur d’oublier quand quelqu’un part, c’est sa voix. Je pense qu’on va l’entendre encore longtemps.

Marie-Annick Lépine

Le bassiste Jérôme Dupras a aussi rendu hommage à son ami qui, sur les Plaines l’été dernier, « avec un genou à terre, a chanté comme s’il n’y avait plus de lendemain ». « J’avais l’impression d’avoir joué avec Maurice Richard. Il a donné la définition du mot courage, au nom de la chanson et du public, et nous a tous portés sur son dos. »

Puis comme à la fin de chaque spectacle, il a présenté le chanteur, pour la dernière fois dans ce Centre Bell qui aura contenu tant de joie grâce à lui : « Faites du bruit pour le seul, l’unique, l’éternel Karl Tremblay ! »

La vie et l’œuvre de Karl Tremblay ne pouvaient pas être mieux célébrées que sous les cris et les applaudissements de la foule qui ont suivi. Les trois amis ont ensuite chanté Sur mon épaule avec toute leur âme et leur fragilité, soutenus par le public qui a chanté avec eux, dans un moment de grande solidarité. Karl Tremblay aurait certainement été heureux de voir que son legs portait déjà ses fruits.