Pour l’avant-dernier jour de musique au Festival d’été de Québec (FEQ), Green Day a pris les choses en main, amenant sur les plaines d’Abraham une nostalgie bien appréciée.

La fin de soirée avec Green Day a commencé… étrangement. Tout a débuté sur les accords de Bohemian Rhapsody, de Queen, à l’heure à laquelle les membres de Green Day étaient attendus sur scène. Les lumières se sont éteintes, le public a chanté à tue-tête.

Les haut-parleurs ont ensuite craché Blitzkrieg Bop, des Ramones, pendant qu’une mascotte de lapin rose s’occupait de l’animation de foule.

Finalement, le logo de Green Day est apparu sur l’écran géant au fond de la scène. Dix longues minutes après les premières notes de Bohemian Rhapsody, Billie Joe Armstrong et sa bande se sont présentés sur scène.

Puis, enfin, American Idiot a envahi les plaines.

Toujours le même, ses cheveux teints décolorés, sa cravate rouge sur une chemise noire à manches courtes, sa guitare accrochée très, très bas, Armstrong, tout en voix, a tout de suite mieux fait que la mascotte pour animer la foule.

Holiday a ensuite été entonnée, comme un hymne pop punk que tout le monde connaît, qui rassemble. Green Day a été justement cela, dimanche soir : rassembleur. La foule a participé activement à créer un bon moment. En chantant en chœur, et même, au moment de la pièce Know Your Enemy, en allant directement au micro de Billie Joe Armstrong. Un fan a en effet eu l’occasion d’aller chanter le pont de la populaire chanson avec le meneur de la formation. Occasion un peu ratée, puisqu’il ne connaissait pas les paroles (ou les a-t-il oubliées ? ), mais un moment divertissant somme toute.

Nostalgie, nostalgie

The Grouch, chanson de 1997, Longview, de 1992, Welcome to Paradise, qui date de 1991… on a eu droit à un satisfaisant retour dans le temps avec Green Day. Souvent, dès qu’étaient grattés les premiers accords d’une chanson, les cris de satisfaction montaient. Le pouvoir de la nostalgie s’est fait sentir.

Les Californiens ont gardé un rythme effréné durant toute l’heure et demie qui leur était allouée. Les guitares ont mené la danse, la batterie de Tré Cool gardant la cadence et s’imposant même parfois au premier plan.

Billie Joe Armstrong sait comment divertir son public, il interagit, il fait monter la tension, il chante de toutes ses forces, il déambule dans tous les sens quand il n’a pas sa guitare dans les mains, il semble sincèrement s’amuser. Et les fans lui ont bien rendu toute son énergie.

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Billie Joe Armstrong, chanteur de Green Day

« Vous me rendez tellement fucking heureux », a lancé Billie Joe, subjugué par la clameur de l’immense foule.

Une interprétation enflammée de Hitchin’a Ride et une reprise galvanisante de Rock and Roll All Nite ont suivi, avant Brain Stew, St. Jimmy, When I Come Around et Waiting.

Après Stuart and the Ave., le rythme a légèrement ralenti pour la belle ballade 21 Guns. Laissant ses plus récents essais de côté, mais muni d’une dizaine d’albums en banque, le groupe n’a pas manqué de matériel pour plaire au plus grand nombre.

Plus long que prévu

Durant Knowledge, Billie Joe Armstrong a de nouveau demandé l’aide d’un membre du public. Ou plutôt d’une membre du public. « Trop de dudes », a-t-il constaté en regardant ceux qui se proposaient pour monter sur scène. Il a finalement trouvé une guitariste qui, très émue, est allée jouer et chanter avec Green Day. Et avant qu’elle quitte la scène, Billie Joe lui a tout simplement dit qu’elle pouvait repartir avec la guitare qu’il venait de lui prêter !

Basket Case a ensuite redémarré la machine. King for a Day (durant laquelle Billie Joe s’est couché au sol pendant qu’avait lieu un solo de saxophone) et une reprise de Shout, des Isley Brothers, ont officiellement marqué le moment où le temps alloué a été dépassé. Heureusement, les concerts au FEQ peuvent déborder.

On a terminé la soirée un peu avant 23 h 30 sur la ballade Wake MUp When September Ends, puis Jesus of Suburbia, Good Riddance (accompagnée de feux d’artifice) et, finalement, Time of Your Life (accompagnée d’une pluie de confettis et de tout un numéro de feux d’artifice).

Peanut Butter Sunday monte en grade

La soirée avait déjà bien commencé sur le thème de la nostalgie avant ce moment offert par Green Day.

S’il s’est formé tout récemment, le groupe Peanut Butter Sunday joue avec les codes d’une autre époque. Dans notre article publié le mois dernier présentant la musique de la formation acadienne, les deux membres fondateurs nous avaient expliqué que leurs inspirations venaient de Blink-182, Sum 41 et… Green Day.

Michael Saulnier, Normand Pothier et leurs acolytes, Jacques Blinn et Andre LeBlanc, devaient présenter en début de soirée un spectacle de la Série Découverte du FEQ. Et puis, quelques heures avant, comme nous l’a raconté Pothier durant leur performance, ils ont reçu un appel : on leur proposait de remplacer Meet Me at the Altar (dans l’incapacité de se rendre à Québec à temps) sur la scène principale du festival, en première partie de Green Day. « Savez-vous ce qu’on a dit ? On a dit oui ! »

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Peanut Butter Sunday

Les membres de Peanut Butter Sunday ont clairement vécu un moment qu’ils n’auraient même pas pu imaginer en se réveillant le matin même. Une foule énorme, certainement la plus grosse qu’ils aient jamais eue devant eux, les a accueillis avec enthousiasme. Si le quatuor de Baie Sainte-Marie est loin d’avoir l’expérience de Bad Religion (qui l’a suivi sur la grande scène), il amène une belle énergie communicative. Il était touchant de voir les quatre membres devant les festivaliers, presque incrédules, toujours aussi décalés et drôles, profitant de chaque instant de cette demi-heure inespérée.

L’expérience de Bad Religion

Bad Religion a suivi. Les pionniers du punk rock, qui ont clairement participé à tracer la voie pour les Green Day de ce monde, ont offert une performance très convaincante. Nous n’avions jamais vu le groupe aux 40 ans de carrière et 17 albums. Il nous est donc impossible de comparer le moment partagé dimanche à de plus anciennes prestations, mais il semble que Bad Religion ait conservé beaucoup de sa fougue (nous nous doutons, bien sûr, qu’elle n’égale pas celle de ses débuts).

De nombreux festivaliers autour de nous étaient conquis dès les premières notes, et le groupe a su démontrer pourquoi on le place encore très haut sur l’affiche des festivals après une si longue carrière.

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Bad Religion

« Nous sommes déjà venus ici avant, je me rappelle bien cet endroit », a lancé le meneur Greg Graffin au public des plaines. « Vous êtes plus beaux chaque fois qu’on revient. »

Pendant une heure bien remplie, le groupe a servi ses refrains accrocheurs, ses riffs mélodieux et percutants, pour joliment mettre la table pour Green Day.

Ce qui devait être la dernière soirée du FEQ précède finalement un ultime moment de festivités, prévu ce lundi soir. Les Cowboys Fringants, Robert Charlebois et Sara Dufour auront l’occasion de reprendre leur soirée gâchée par la pluie et les orages jeudi.

Les frais d’hébergement ont été payés par le Festival d’été de Québec, qui n’a exercé aucun regard sur le contenu de ce reportage.