La 37e édition de Nuits d’Afrique a officiellement été lancée mercredi soir dans l’effervescent contexte d’un retour des plus attendus. Normal, Sa Majesté Angélique était en ville.

Enfin, elle est de retour ! Il est 21 h 30, l’ambiance est chaude, l’accueil délirant. Ces Nuits d’Afrique sont bel et bien propulsées en orbite, gracieuseté de la Béninoise de 63 ans.

L’ambassadrice globale de l’UNICEF nous a tous médusés avec un concert coup de poing et des chansons qui font bouger le bassin. Crosseyed and Painless des Talking Heads, puisé dans l’album Remain in Light (1980), avec sa cadence effrénée, a fait délirer la foule dès le départ. Strumming Funky à la guitare, congas en fusion, c’est bien torché ! Africa, One of a Kind donne un peu plus de carburant au concert de la New-Yorkaise, aidé de quatre musiciens rompus aux grooves transmissibles.

L’icône africaine enchaîne Do Yourself sans pause, le bassiste assure les premiers couplets tandis que Sa Majesté à la robe fuchsia arpente la scène.

« Bonsoir, Montréal ! Vous allez bien ? Ça faisait un moment et vous me manquez tellement. Ça fait quatre jours que je suis ici et je ne veux plus partir. J’aimerai toujours beaucoup votre accueil chaleureux. On a besoin de votre énergie et de votre enthousiasme. »

Elle rend hommage à la chanteuse cubaine Celia Cruz avec Bemba colorá, un message inspirant aux femmes. C’est incarné, pas de frime ici.

Une présence scénique épatante

Sous son évocation de grande prêtresse, sa manière, sa dégaine, Angélique Kidjo, lauréate du prix Polar Music 2023, est en osmose avec son public. Elle semble aimer nager à contre-courant avec les effluves maghrébins de Sahara, avec une approche plus syncopée, solo de guitare à l’avenant, somme toute moins convaincante.

Once in a Lifetime, encore de ses ineffables Talking Heads et de son géniteur David Byrne, coule merveilleusement, une fois passé à la moulinette de l’icône. Ces rythmes africains, ces percussions obsédantes, cet alliage occidental et africain sont des plus jouissifs. Autre moment fort de la soirée, avec cette phrase en boucle : Same as It Ever Was.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

Angélique Kidjo a chanté une chanson à la mémoire du Camerounais Manu Dibango.

One Africa (Indépendance Cha-Cha) est un dérivé de la danse éponyme. On repère des ingrédients de la musique jùjú de King Sunny Adé, avec l’effet de transe qui en émane. Elle l’a chantée à la mémoire du Camerounais Manu Dibango.

« On pense à tous ces pays africains qui n’ont pas leur indépendance. Je suis optimiste : un jour, l’Afrique sera complètement libre. » Tout le monde adhère à la nécessité de cette missive.

Puis elle invite sur scène… Zachary Richard ! Qui chante le refrain de L’arbre est dans ses feuilles (marilon, marilé), au son des congas. Sorte de cri du preacher qui donne un beau tandem avec la Française d’origine africaine.

Meant for Me est l’occasion de pousser la note en anglais. Les arrangements sont un peu convenus dans cette pop mondialiste, mais trouvent leur salut dans le chant à répondre entremêlé des dynamiques percus qui tiennent la cadence.

Choose Love, avec son message lumineux et ses accords fédérateurs, rend joyeux. Son solo de guitare de bon aloi fait son effet !

Une vaste diversité musicale

Tous ces beats syncopés de jazz, de funk, de salsa et de vieux soul se sont imposés tout naturellement en plus des rythmes ouest-africains. Les sonorités du Brésil et des Caraïbes ne sont jamais loin.

En puisant dans sa discographie de 16 albums, on comprend pourquoi elle accumule les prix Grammy.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

Angélique Kidjo

Cette prochaine chanson, c’est en l’honneur de la diversité de la famille humaine.

Angélique Kidjo

Afirika, un de ses premiers succès, est entonné tous téléphones déployés pour capter le beau moment. La petite bombe planétaire Pata Pata de Myriam Makeba a créé un beau mouvement de gens devant la scène. L’immortel hymne africain veut dire toucher en langue Xhosa sud-africaine.

On a tous été touchés. Soufflés même.

Au rappel, Agolo, autre brûlot qui vous met la banane au visage, est bien balancé aux admirateurs qui approuvent avant qu’elle ne nous laisse avec Batonga.

Une entrée en matière funk et soul locale

En lever de rideau, les six musiciens de Chanda & The Passengers revenaient au festival avec une proposition funk à saveur urbaine et latino, tandis que le public continuait à s’engouffrer dans la salle. La Montréalaise Chandra Holmes continue ses avancées dans les talles du groove avec une belle assurance.

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