Un cycle se complète avec la parution de — (Subtract), où les premières ambitions acoustiques d’Ed Sheeran reprennent l’avant-scène, pour donner son meilleur disque à ce jour.

Il a désormais utilisé tous les symboles mathématiques de base à disposition. Après +, x, ÷ et =, l’auteur-compositeur-interprète britannique Ed Sheeran fait paraître , un album où la simplicité acoustique rime avec l’excellence de la production.

On n’entend pas de machines à rythmes sur ce dernier album d’Ed Sheeran (à une exception près). On ne perd jamais la texture du piano, de la guitare acoustique. Mieux encore, cette qualité épurée est mise en valeur tout au long du disque par des cordes, tantôt discrètes, tantôt foisonnantes, mais toujours présentes et pertinentes.

Pour cet album, où il se montre plus vulnérable que jamais après avoir traversé de dures épreuves personnelles, Ed Sheeran s’est associé à Aaron Dessner, réalisateur, compositeur et musicien extraordinaire ainsi que membre de The National. Les deux artistes sont parvenus à faire évoluer l’œuvre de Sheeran tout en encapsulant ce qui a toujours été son point fort, soit une démarche sans trop d’artifices et brûlante de sincérité. Ed Sheeran parle de mort, de deuil, de dépendance et de dépression sur des compositions merveilleusement produites.

Quelques bémols demeurent, ici et là. Life Goes On, dès son refrain, rappelle tout de suite Thinking Out Loud, parue en 2014. Un peu trop, en fait. Ed Sheeran peut au moins se rassurer du fait qu’il ne sera pas poursuivi pour avoir plagié sa propre chanson. Rappelons que le Britannique vient d’obtenir gain de cause dans une affaire de plagiat. Les héritiers de Marvin Gaye l’accusaient d’avoir copié la pièce Let’s Get It On pour créer son succès… Thinking Out Loud. Le simple Eyes Closed, qui annonçait la sortie de ce nouveau disque, était plutôt décevant, clairement destiné aux ondes radio, mais très peu ambitieux. Heureusement, il est loin d’être un digne représentant de l’ensemble de l’œuvre.

Sur Curtains, l’approche pop assumée d’Ed Sheeran, qui avait un peu envahi certaines de ses précédentes parutions, est patente. Cette fois, peut-être grâce aux chansons plus modestes avec lesquelles elle cohabite, cette proposition fonctionne plutôt bien. Juste après elle, par exemple, on tombe sur la très belle Borderline, sur laquelle Sheeran chante avec adresse les émotions intenses qu’il peine à contrôler. Celle-ci suit une ligne de piano enjolivée par les cordes, sans autre artifice instrumental. C’est là qu’Ed Sheeran est le plus touchant, le plus apte à nous captiver. Dusty, la seule où l’on perd totalement la patte acoustique, nous convainc tout de même par son côté un peu décalé. End of Youth lui permet de revenir à un chant qui s’approche du rap, agrémenté d’un refrain accrocheur.

Si nous ne doutions pas que le Britannique, qui nous avait conquis avec son premier disque, +, en 2011, déborde de talent, il n’avait pas réussi récemment à nous convaincre que ce talent était mis à bon usage. Sa musique semblait manquer d’âme. Mais voilà qu’Ed Sheeran vient nous rappeler de la plus belle des façons qu’il sait bel et bien composer de somptueuses chansons pop.

La superbe The Hills of Aberfeldy saura ravir ceux qui avaient aimé les pièces aux teintes folkloriques qu’Ed Sheeran proposait à ses débuts.

Le dernier volet de la série mathématique d’Ed Sheeran est une conclusion parfaite. L’aboutissement d’années de travail, après de grandes réalisations musicales et quelques égarements dont on ne lui tient pas trop rigueur. Ici, Ed Sheeran est au sommet de son art.

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Pop

Ed Sheeran

Atlantic Records

7,5/10