C’est un nouveau venu du monde musical qu’accueille la salle Bourgie ce mercredi pour son prochain concert. L’ensemble français Jupiter arrive avec un programme tout Vivaldi qui mettra notamment à l’honneur la mezzo-soprano Lea Desandre.

Formé en 2018 seulement, l’ensemble est cependant rapidement passé à la vitesse supérieure. Car il ne s’agit pas d’une formation comme les autres : son fondateur, le luthiste étoile Thomas Dunford, s’est entouré de quelques-uns des meilleurs solistes de sa génération, question de faire de la musique entre amis, mais aussi de mettre à profit sa propre expérience avec les grandes pointures de la profession.

« J’ai travaillé avec plusieurs groupes de musique baroque en France, en Angleterre et ailleurs en Europe et j’ai beaucoup appris avec des gens comme Raphaël Pichon, William Christie, Philippe Herreweghe et John Eliot Gardiner », raconte le musicien français, qui s’était produit en solo au Festival Bach de Montréal au mois de décembre dernier.

« Ces chefs sont tous très différents, ils ont chacun leur propre génie. J’ai beaucoup appris d’eux, mais j’avais envie de synthétiser un peu ce savoir et de réunir des gens exceptionnels pour faire de la musique comme j’avais envie de le faire », poursuit Thomas Dunford, joint par vidéoconférence au terme d’une répétition pour un concert à Bonn avec le baryton Benjamin Appl.

Pourquoi « Jupiter » ? « Comme j’aime toutes les musiques, de la Renaissance à aujourd’hui, je l’ai appelé ainsi d’une manière très générique. C’est un nom dont tout le monde se souvient et qui permet de n’être pas forcément dans un carcan », précise le luthiste, qui se décrit comme un « passionné d’astronomie et de mythologie grecque » depuis son jeune âge.

PHOTO JULIEN BENHAMOU, FOURNIE PAR JUPITER

Jouant sans chef et avec un orchestre à géométrie variable, l’ensemble Jupiter adopte une démarche assez chambriste.

Sans chef

Jouant sans chef, l’orchestre à géométrie variable adopte une démarche assez chambriste. « C’est une autre manière de jouer, soutient Dunford. Quand chaque musicien est coresponsable de la musique, il devient un petit peu un chef aussi. C’est peut-être moins lisse, moins parfait, mais avec beaucoup plus d’exploration, un peu comme dans un groupe de jazz. »

« Le travail se passe surtout en répétition. C’est un peu comme un peintre qui fabrique ses couleurs à l’avance et qui, au moment où vient l’inspiration, décide de mettre telle couleur ici ou là », décrit le fondateur de l’ensemble.

Avec Jupiter, on prépare les paramètres et au moment du concert, on se laisse surprendre par ce qui peut se passer.

Thomas Dunford

Thomas Dunford, qui a profité de son séjour dans la ville de naissance de Beethoven pour aller admirer certains manuscrits du compositeur, propose la réflexion suivante : « Le danger de notre métier, c’est qu’on est tellement respectueux de ces génies que, parfois, on n’ose plus les toucher. Ce qui me dérangeait un peu en écoutant de la musique classique, c’était un côté un peu neutre, désengagé. »

PHOTO ALINA SEPP, FOURNIE PAR JUPITER

L’ensemble Jupiter en répétition avec Lea Desandre (au centre)

Pour sa venue au Québec, Jupiter propose un programme inspiré par son premier disque chez Alpha. Certains des huit musiciens qui se produisent à la salle Bourgie auront leur moment de gloire, les concertos de Vivaldi au programme mettant tantôt en valeur le violon, le violoncelle ou le luth. Et le chant bien sûr, avec sept interventions de Lea Desandre.

Thomas Dunford n’abonde évidemment pas dans le même sens que Stravinsky, qui a dit un jour que le compositeur vénitien avait composé le même concerto 500 fois. « Oui il y a des patterns chez Vivaldi, mais chez Bach aussi ! », illustre-t-il avec son luth en jouant le début du célèbre Prélude de la Suite pour violoncelle n1 du compositeur allemand.

« Vivaldi, son truc, c’est les séquences de quintes, comme Michel Legrand, comme beaucoup de compositeurs, dont Bach, qui en fait des moments jubilatoires », ajoute-t-il.

« Ce programme, c’est l’exemple même que c’est un compositeur extrêmement varié. Gelido in ogni vena [de Farnace], ça n’a rien à voir avec Nisi Dominus, qui n’a rien à voir avec Veni, veni me sequere fida [de Juditha Triomphans]… Ce sont des univers très différents », conclut le musicien.

En spectacle ce mercredi, à la salle Bourgie

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