The Weeknd a remporté les grands honneurs de la 52e soirée des prix Juno, célébrée lundi soir à Edmonton et animée par l’acteur Simu Liu. Cinq prix ont été attribués lors de cette cérémonie marquée par les performances (et par Nickelback).

Le grand gagnant

The Weeknd s’est vu décerner le trophée Juno du meilleur album de l’année durant la soirée de lundi. Il avait déjà remporté ceux de l’artiste de l’année, du meilleur auteur, du meilleur simple et du meilleur album pop. Remportant cinq des six récompenses à sa portée cette année, The Weeknd a atteint un total de 22, se classant ainsi comme le deuxième artiste le plus récompensé de l’histoire des prix Juno (derrière Anne Murray, qui en a 25). Lorsque son nom a été dévoilé pour le prix du meilleur album (pour Dawn FM), l’annonce de son absence a été reçue par un très long moment de huées du public, empêchant Tyler Shaw, à la présentation, d’accepter le prix en son nom. Si le Torontois snobe chaque fois la cérémonie des prix Juno ces dernières années, il semble que le public garde espoir de le voir un jour réapparaître pour remercier le Canada pour son soutien.

Prestations à gogo

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Jessie Reyez

La jeune Tate McRae a commencé la série de performances avec un solide numéro. Celle que l’on compare à Billie Eilish ou Olivia Rodrigo a mis les Juno à l’heure du jour. Un peu plus tard, le rappeur et chanteur AP Dillon a été le premier artiste punjabi à performer durant la cérémonie. « J’étais content de représenter ma communauté ici, c’est un sentiment que l’argent ne peut acheter », a commenté l’artiste, tout sourire, en conférence de presse, après son passage sur scène. L’artiste anichinabé Aysanabee, accompagné du groupe de chants et de tambours pow-wow Northern Cree, a offert l’une des prestations les plus poignantes et réussies de la soirée. L’auteure-compositrice-interprète country Tenille Townes a été magnifique. Plus tard, Alexisonfire a présenté sa chanson Sans Soleil, tirée de son plus récent album, Otherness. Le groupe a fait descendre le tempo grâce à une solide prestation à la hauteur de son prestige. La superbe Jessie Reyez a été impeccable, livrant un moment tout en intensité, quelque temps après avoir remporté le prix de l’enregistrement R&B contemporain de l’année (pour YESSIE). Autre performance marquante de la soirée : celle des Québécois Banx & Ranx et Rêve, avec le Torontois Preston Pablo, qui a remporté lundi le prix de la révélation de l’année (qui lui a d’ailleurs été remis par Pierre Kwenders et le ministre Pablo Rodriguez).

Nickelback au Panthéon de la musique canadienne

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Nickelback

Toute la soirée a été un long hommage à Nickelback, que l’on a vu dans le numéro d’ouverture, à qui l’acteur Ryan Reynolds a dédié une vidéo rétrospective, et qui a eu l’honneur de conclure la soirée avec une performance. Surtout, la soirée a été l’occasion d’introniser Nickelback au Panthéon de la musique canadienne. Après s’être plaint de n’avoir que deux minutes de temps de remerciement, Chad Kroeger a commencé une série de discours où chacun a remercié une liste de collaborateurs et de proches. Le groupe formé de Chad et Mike Kroeger, Ryan Peake et Daniel Adair a remporté son premier prix Juno en 2001. Et, 22 années plus tard, les Albertains ont conclu la soirée des prix Juno avec un numéro où le groupe a repris nombre de ses grands succès. Si les autres moments de musique de la cérémonie ont été plutôt exécutés dans la sobriété, le budget de la soirée semble avoir été dépensé en grande partie sur le medley de Nickelback, appuyé par des vidéos et beaucoup, beaucoup de jets de flammes.

Comme aux prix Grammy, le hip-hop est célébré

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Haviah Mighty et Kardinal Offishall

On célèbre les 50 ans de la musique hip-hop cette année. La soirée des prix Juno a été l’occasion de marquer la portée de la présence canadienne dans le genre. Si les prix Grammy l’ont fait en très grand, avec tout le gratin du rap américain, les prix Juno ont également voulu honorer ce style musical et s’en sont bien sortis – il a toutefois été décevant de ne pas voir d’artistes québécois dans ce numéro. Kardinal Offishall et Haviah Mighty ont été à la barre d’un numéro durant lequel de nombreux artistes se sont succédé sur scène, soit Choclair, le duo torontois Dream Warriors, Maestro Fresh Wes, la pionnière Michie Mee, ainsi que TOBi, accompagnés de DJ Mel Boogie aux platines. Le numéro a été dansant, électrisant et nous a plongés dans une bulle de nostalgie tout en mettant en avant le talent actuel du hip-hop canadien. Ce très beau moment de musique s’est conclu par la victoire de TOBi pour l’album ou le EP rap de l’année.

Belle animation

Côté animation, la soirée a été divertissante. Si son numéro d’ouverture se concentrait sur la pression d’offrir une belle prestation en tant qu’animateur, Simu Liu, qui a déjà tenu ce rôle, a été plutôt efficace, malgré un trop plein de numéros chantés (et dansés) en début de soirée. En plus des neuf prestations, entre celles d’Alexisonfire, de Jessie Reyez ou de Nickelback, ça faisait beaucoup. Heureusement, d’autres ont parfois pris le relais. Avril Lavigne a été l’une des premières à présenter des artistes pour un numéro. Fidèle à elle-même, la chanteuse a été sans retenue lorsqu’une personne du public, seins nus, s’est invitée sur la scène avec elle. Lui ordonnant de s’en aller en l’insultant (sans que la production ait le temps de couper les jurons), Lavigne a mis un peu d’ambiance dans cette soirée plutôt convenue. Elle a plus tard reçu le prix des fans et a eu l’occasion de revenir à la blague sur l’incident, en prévenant de ne pas l’interrompre cette fois. Plus sérieusement, elle a mentionné au micro que « l’industrie change tellement, mais [sa] communauté d’admirateurs a été la chose la plus constante de [sa] carrière ».

Le Québec honoré durant la fin de semaine

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Banx & Ranx

Au chapitre des victoires québécoises, la première soirée des prix Juno a été plus fructueuse que la soirée principale (où aucun artiste d’ici n’a été récompensé). Le prix pour le meilleur album francophone a été remis à Les Louanges, pour son album Crash. Le groupe Voivod a été récompensé du prix pour l’album de musique métal/hard de l’année grâce à Synchro Anarchy. Le duo montréalais de producteurs Banx & Ranx a remporté le prix révélation de l’année (groupe). La Montréalaise Rêve (Briannah Donolo) s’est vu décerner le prix de l’enregistrement dance de l’année pour sa chanson CTRL+ALT+DEL. Le pianiste montréalais Philip Chiu a remporté le Juno dans la catégorie album classique par un soliste, et, toujours dans les catégories de musique classique, l’Orchestre de l’Agora, sous la direction de Nicolas Ellis, et avec la soliste Marina Thibeault, a décroché le Juno de l’album classique de l’année pour les grands ensembles. Cinq prestations ont ponctué la soirée de samedi, dont celle du Québécois Jean-Michel Blais, qui était finaliste dans la catégorie album instrumental de l’année.

Avec La Presse Canadienne