L’Orchestre classique de Montréal (OCM) a trouvé son nouveau capitaine. Figure bien connue du milieu musical québécois, Jacques Lacombe deviendra en juillet directeur artistique et chef principal de l’ensemble fondé en 1939 par Alexander Brott. Un mandat de cinq ans.

La mort soudaine de Boris Brott – fils du fondateur de l’OCM – à Hamilton en avril dernier à la suite d’une collision avec une voiture, assortie d’un délit de fuite, avait secoué le monde musical, en particulier l’Orchestre classique de Montréal, auquel il était associé depuis les années 1980, alors que la formation portait encore le nom d’Orchestre de chambre McGill. C’est Geneviève Leclair et Alain Trudel qui gardent la maison cette année à titre de chefs invités principaux.

« Quand Boris est décédé, Taras [Kulich, directeur général de l’OCM] m’a demandé de diriger le dernier concert de la saison, que Boris devait faire à la Maison symphonique. Il y avait une énergie assez généreuse chez les musiciens et le niveau était très bon. On a fait une très belle Héroïque [de Beethoven] », se souvient le chef, qui avait décidé de ne pas prendre immédiatement de poste après la fin de son contrat avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse il y a deux ans.

L’ancien premier chef invité de l’OSM a ensuite pu connaître davantage l’ensemble durant l’été avec l’enregistrement de la Symphonie de la tempête de verglas de Maxime Goulet pour ATMA.

« Taras m’a ensuite demandé pour faire des contrats cette année, mais j’avais une grosse saison d’opéra, donc peu de disponibilités », raconte Jacques Lacombe, qui a néanmoins accepté de contribuer à la réalisation de la programmation 2023-2024.

C’est un peu plus tard, alors qu’il était à Toronto pour diriger Carmen, que le chef a été sollicité par le conseil d’administration de l’OCM afin de rencontrer le comité de sélection mis en place pour choisir un successeur à M. Brott. Le tout était réglé un peu avant Noël.

« J’habite sur le Plateau et le fait d’avoir ce point d’ancrage avec l’Orchestre classique me permet de me poser un peu à la maison sur une base régulière », précise celui qui part bientôt pour diriger une production de Werther en Grèce.

M. Lacombe promet « une programmation qui s’inscrit dans ce que Boris faisait », se plaisant à citer Charles Dutoit qui « disait qu’un orchestre est comme un paquebot et qu’on ne peut pas tourner sur un dix sous comme à vélo. Il faut être conscient de la tradition, d’où on vient ».

« Une chose qui me passionne dans mon métier, c’est la programmation artistique. Cela commençait à me manquer », confie celui qui poursuit une carrière intensive de chef lyrique à travers la planète.

Jacques Lacombe, qui n’avait jamais dirigé l’orchestre jusqu’en mai dernier, connaissait toutefois très bien la famille Brott. « Un des premiers, sinon le premier concert que j’ai entendu quand j’étais enfant [à Trois-Rivières] était avec l’Orchestre de chambre de McGill et Alexander Brott, le père de Boris. Il y a une espèce de retour du destin qui est assez amusant », constate le musicien.

« En fin de concert, ils avaient joué un truc assez rapide. Ils l’avaient redonné en rappel en le jouant encore plus vite. Alexander Brott avait dit qu’ils n’étaient pas capables de le jouer plus vite », se souvient Jacques Lacombe en riant.

Il avait également eu droit aux encouragements de Boris Brott, qui avait siégé au jury d’un concours du Conseil des arts du Canada que le musicien avait remporté, ce qui lui avait permis d’aller étudier à Vienne. « Il avait ça à cœur, les jeunes », assure le chef.

Jacques Lacombe connaissait aussi déjà en quelque sorte l’orchestre avant de l’avoir dirigé, lui qui avait déjà collaboré avec plusieurs de ses musiciens dans d’autres formations. « On peut dire que je suis en terrain connu, assure-t-il. Il y a une chimie qui s’est passée avec les musiciens, qui ont aussi été consultés pour le choix du prochain directeur artistique. C’est un bon match, en fin de compte. »