(Paris) « Cette chanson, c’est de la merde » : le chanteur australien Nick Cave est loin d’être impressionné par les talents d’auteur de l’intelligence artificielle ChatGPT, à qui l’un de ses fans avait demandé d’écrire un morceau en copiant son style.

« Les chansons naissent de la souffrance : elles procèdent d’un combat créatif intérieur complexe et humain, et autant que je sache, les algorithmes ne ressentent rien », a taclé le rocker sur son site en réponse au texte que lui avait soumis son fan.

« Merci pour la chanson, mais avec tout l’amour et le respect du monde, cette chanson, c’est de la merde », a-t-il ajouté.  

Depuis son lancement fin novembre, les prouesses du robot conversationnel (chatbot) ChatGPT, capable de formuler en quelques secondes des réponses détaillées sur un large éventail de sujets, suscitent la fascination des internautes.

Nick Cave a reproduit sur son site le texte d’un morceau qu’un de ses fans néo-zélandais, désigné sous le prénom de Mark, a demandé à ChatGPT d’écrire en lui donnant cette instruction : « dans le style de Nick Cave ».

Le programme informatique a accouché d’un texte qui rappelle les paroles sombres et teintées de références bibliques caractéristiques de l’Australien de 65 ans : « Je suis le pécheur, je suis le saint/Je suis l’obscurité, je suis la lumière/Je suis le chasseur, je suis la proie/Je suis le diable, je suis le sauveur », dit le refrain.

Mais pour Cave, ça n’est qu’une « réplique parodique ».

« ChatGPT est sans doute capable d’écrire un discours, un essai, un sermon ou une nécrologie, mais pas une vraie chanson. De temps en temps, il se peut qu’il crée une chanson qui soit à première vue impossible à distinguer d’un original, mais cela ne sera jamais plus qu’un décalque un peu grotesque », fait valoir le chanteur.

Plus généralement, il fustige le principe même de l’intelligence artificielle qui, par nature, « doit toujours aller plus loin » : elle « ne peut jamais être stoppée ou ralentie, puisqu’elle nous fait avancer vers un avenir utopique, peut-être, ou vers notre destruction totale ».

Actif depuis la fin des années 70 (notamment avec son groupe The Bad Seeds), Cave jouit d’une solide base de fans. Il a touché un plus large public au milieu des années 90 grâce à la ballade Where the Wild Roses Grow, en duo avec une autre Australienne, la vedette de la pop Kylie Minogue.