(New York) Après un demi-siècle de bataille juridique, le musicien américain John Fogerty a annoncé jeudi avoir regagné ses droits d’auteur sur les chansons qu’il avait composées pour son groupe phare des années 1970, Creedence Clearwater Revival.

À l’heure où ses pairs du rock et du folk — Bruce Springsteen, Bob Dylan ou Neil Young — vendent pour des centaines de millions de dollars les droits liés à leurs œuvres, Fogerty, 77 ans, fait le contraire.

« À compter de janvier, je suis de nouveau propriétaire de mes propres chansons. Je pensais que cela n’arriverait jamais. J’ai hâte de faire des tournées et de fêter cela cette année ! », s’est réjoui l’artiste sur son site, en parlant d’une « résurrection ».

De fait, se tourne l’une des pages les plus douloureuses de l’histoire des droits d’auteur et de propriété intellectuelle d’un musicien aux États-Unis : Fogerty — compositeur des fameux Proud Mary, Have You Ever Seen the Rain et Bad Moon Rising — s’est battu pendant 50 ans devant la justice pour en reprendre le contrôle, après ce qu’il a qualifié de mauvais contrat avec une maison de disques.

Au cœur des années 1960, le « pape » de l’époque pour la musique et le cinéma, Saul Zaentz, mort en 2014, fait signer Fogerty et son groupe Creedence Clearwater Revival (CCR) avec sa maison de disques Fantasy Records.

Très vite, les droits de la célébrissime chanson contre la guerre du Vietnam Fortunate Son se trouvent au cœur de plaintes, procédures et campagnes de presse conduites par John Fogerty.

Lorsque son groupe CCR périclite au début des années 1970, la lutte s’intensifie avec Fantasy Records pour tenter de casser le contrat. En vain.

Résultat, une longue période de silence pour l’artiste, qui refuse même de chanter les titres de son ancien groupe.

Ce n’est qu’en 2004 que la maison de disques Concord rachète Fantasy, mais John Fogerty ne recouvre pas ses droits pour autant.

Récemment, le musicien a fait une offre aux détails financiers restés confidentiels, à laquelle Concord a souscrit.

D’après le média Billboard, premier à révéler l’accord jeudi de la bouche de John Fogerty, la maison Concord devrait conserver les droits de CCR déjà en sa possession tandis que le musicien devrait regagner tous ses droits d’auteur.

Ces droits permettent de toucher des dividendes sur la diffusion d’un titre à la radio ou en diffusion numérique, sur des ventes d’album ou sur leur utilisation dans une publicité ou dans un film, et les détenteurs de droits d’enregistrement peuvent décider de futures rééditions.  

Dans un communiqué, le président de Concord, Bob Valentine, a estimé que l’œuvre de Fogerty était « une des plus grandes compositions du XXe siècle » et s’est dit « plus qu’heureux » d’avoir scellé un accord.