Alexandre Da Costa croit en une musique classique populaire, moderne et ouverte sur le monde. Tant mieux pour son public grandissant, tant pis pour les puristes…

C’est dans cet esprit que le violoniste et l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL), qu’il dirige depuis 2019, présentent le rendez-vous de Noël Parapapam du 26 au 30 décembre à la Maison symphonique.

Entre autres invités : Guylaine Tanguay, Roch Voisine, la soprano Giorgia Fumanti, le baryton Vladimir Korneev ainsi que 125 choristes, dont les Petits Chanteurs du Mont-Royal, sous la direction de Frédéric Vogel. « L’idée est de créer un miroir entre les invités populaires et classiques », explique Alexandre Da Costa.

Un invité de – petite – taille fera aussi son apparition : Mattenzo Da Costa, 8 ans, fils de vous-savez-qui, qui chantera L’enfant au tambour au côté de l’interprète country Guylaine Tanguay. « L’idée n’est pas qu’il devienne un musicien professionnel, mais de lui offrir un cours d’art dramatique, d’expression de soi et de théâtre exposant mille, explique le maestro. Mais on ne voulait pas que ce soit seulement l’“enfant de”. On l’a préparé, et si ça n’avait pas été assez bon, on aurait donné la chance à un autre enfant. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Guylaine Tanguay et Rock Voisine

Dans un esprit de solidarité, les arrangements d’Adeste Fideles ont été confiés à un compositeur ukrainien, débauché par la guerre russe. Ilya Zuiko a ainsi travaillé à distance, entre deux pannes de courant. « On lui a donné carte blanche. Dans ses arrangements, on entend les bombes, la profondeur, une sorte de procession. À la fin, c’est la vie qui gagne. Ce sont trois minutes qui vont nous mener très, très loin. »

Des ambitions internationales

Parapapam clôt une première année « normale » pour l’OSDL depuis la nomination d’Alexandre Da Costa, l’un des rares Stehgeiger (violonistes debout), c’est-à-dire un chef d’orchestre qui frotte son instrument tout en dirigeant.

L’été 2022 a notamment permis à la troupe de la Rive-Sud de réaliser une tournée en Colombie et au Brésil, laquelle avait été annulée en 2020 en raison de la pandémie. L’an prochain, les 52 musiciens professionnels de l’OSDL retrouveront le public avec Mad Hatter – The Musical, présentée au Théâtre Maisonneuve. « Je suis là où j’aurais voulu être dès le départ de mon mandat, explique Da Costa. On commence à avoir un public extrêmement fidèle. Et je vois des visages nouveaux chaque fois. »

Pendant le Grand Confinement, l’OSDL s’était démultiplié en petits orchestres de six musiciens pour égayer les CHSLD du Québec dans le cadre de la tournée Balcons symphoniques. Au total, quelque 120 concerts ont fait la joie – ou apaisé la peine – de personnes âgées prisonnières de leur balcon.

Que ce soit à l’échelle internationale ou québécoise, l’Orchestre symphonique de Longueuil a la bougeotte et ne veut pas se cantonner à une ville. C’est pourquoi l’organisation aura un nouveau nom au courant de 2023, annonce Da Costa du bout des lèvres. Lequel ? À suivre…

Se jouer des codes

Le maestro le répète à qui veut l’entendre : il joue avec le public et pour lui, quitte à ce que les notables lui tournent le dos. « Oui, on présente des grandes symphonies, des grandes œuvres, mais mes invités sont différents et je parle pendant mes concerts d’une manière différente, qui n’est pas permise normalement. »

Son « entraînement de quelque 2000 concerts » aurait dû faire de lui un musicien classique docile et discret, observe-t-il. « C’était : “Tu rentres sur scène, tu fais ta pièce, tu salues le public et tu t’en vas. Personne ne veut rien de plus.” C’est ce qu’on m’a toujours dit. Mais qui a dit ça ? Qui a décidé un jour que la musique classique serait rigide et pédante ? »

Certainement pas Mozart, Bach ou Beethoven, « du monde de party » qui aimait rire et boire, souligne Da Costa.

Après tant d’années, est-ce que des puristes lui reprochent encore son approche… démocratique ? « De plus en plus, regrette le principal intéressé. Je suis victime de mon propre milieu, qui n’est vraiment pas gentil. Et c’est le même milieu qui m’a tant adoré pendant plus d’une décennie parce que j’étais le golden boy du violon. Il voyait un ambassadeur qui ne disait jamais rien. »

Message aux intéressés : le chef d’orchestre et ses musiciens n’ont pas l’intention de se taire.

Consultez le site du spectacle Parapapam

Trois projets en 2023

Mad Hatter – The Musical
16 
avril 2023

« C’est tiré d’Alice aux pays des merveilles. Ça parle de santé mentale, de diversité ethnique et d’orientations sexuelles, dans le cadre d’un conte qu’on reconnaît. C’est la première représentation symphonique du music-hall, alors on aura la chance d’avoir certaines des plus grandes têtes d’affiche de Broadway. »

Beethoven & Stradivarius, L’incontournable destin
Du 4 au 18 juin 2023

« C’est mon petit record Guinness à moi : diriger et jouer au violon le Concerto de Beethoven en première partie, puis diriger et jouer la Cinquième symphonie. C’est un mégamarathon. À mon avis, ce sont les deux œuvres les plus emblématiques de Beethoven, à part la Neuvième. Le Concerto, pour un violoniste, c’est la bible. Ce programme-là, je pense à 99,9 % que je suis le seul à l’avoir préparé de cette manière. »

Le festival Stradivaria
Juillet 2023

« C’est mon projet familial numéro un. Ma conjointe [Martine Cardinal] est directrice générale, je suis directeur artistique et notre fils est la mascotte. On est complètement investis dans le festival. Pas juste en juin, mais toute l’année parce qu’on travaille sur la programmation, le financement, la paperasse. Les concerts, c’est toujours le moment le plus l’fun. »