La nomination de Marc Hervieux à la tête du réseau des conservatoires québécois annoncée en juin a surpris plus d’un observateur du monde de la musique classique au Québec. Heureux de sa décision, le dynamique ténor a néanmoins hésité.

Il faut traverser une forêt d’isoloirs avant d’accéder au bureau du nouveau directeur général dans un édifice de la Grande Allée à Québec, un local que le sympathique chanteur n’a pas encore eu le temps d’aménager depuis son entrée en fonction en août. On est loin du glamour de la scène et des plateaux de télévision.

« Un jour, en sortant de l’animation de la soirée-bénéfice du Concours musical international de Montréal, une dame m’a dit : “Il faut que je vous parle” », se souvient Marc Hervieux, lui-même diplômé du Conservatoire de musique de Montréal.

Nous sommes au début d’avril. L’année précédente avait été houleuse pour l’institution fondée il y a 80 ans. Deux processus de sélection pour pourvoir le poste de directeur général ont avorté à la suite d’apparences de pressions politiques de la part du cabinet de la ministre de la Culture, dont le ministère chapeaute le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec (CMADQ).

Le candidat apparemment favorisé pour ce poste prestigieux doté d’un salaire de plus de 150 000 $ était Maka Kotto, ancien ministre de la Culture sous le gouvernement Marois et mari de la candidate caquiste Caroline St-Hilaire, défaite dans Sherbrooke lundi soir.

Ne jugeant pas suffisantes les compétences de gestionnaire de M. Kotto, quatre membres du conseil d’administration avaient démissionné, comme l’avait alors révélé Le Devoir.

Marc Hervieux s’est dit le premier étonné d’être sollicité pour remplir cette charge importante. « Ma première réaction a été de dire que je n’étais pas vraiment un gestionnaire, et puis on m’a dit justement que ce n’était pas ça qu’on était venu chercher.

« Beaucoup de CV ont apparemment été envoyés, mais ce n’était pas ce qu’ils cherchaient. Ils ont refait une grille de critères et ils ont mis des noms. Et c’est là que le comité de sélection a voulu me rencontrer », détaille le principal intéressé, qui s’est ensuite donné quelques semaines pour y réfléchir.

« J’avais oui en tête, mais ça impliquait beaucoup de changements dans ma vie. Il fallait que j’y pense », ajoute celui qui dit donner une moyenne de 100 concerts par année, en plus de tenir une émission hebdomadaire à ICI Musique et un café récemment ouvert avec sa conjointe et ses filles à Sainte-Adèle, près de son lieu de résidence des 20 dernières années.

« Je suis là pour prendre soin de tout le monde »

Comme concilier tout cela ? « Ça prend beaucoup d’énergie ! concède celui qui doit maintenant faire la navette vers Québec chaque semaine. Mais je suis un hyperactif. J’ai toujours fait plein de choses en même temps. C’est sûr qu’avec cette situation-là, il y a bien des affaires qu’on va faire différemment. »

Son premier chantier sera de connaître le réseau, notamment par une visite des neuf établissements situés à la grandeur du Québec d’ici Noël. « Je suis là pour prendre soin de tout le monde. Il faut qu’on se rende compte qu’on rame tous dans le même sens », soutient l’administrateur, qui affirme parler toutes les semaines à chacun des directeurs pour prendre le pouls du réseau.

Marc Hervieux a de grands rêves pour le Conservatoire, qui n’est parvenu qu’assez récemment à se sortir la tête de l’eau après des années de déficits accumulés, en plus d’avoir connu plusieurs changements de visage au poste de directeur général depuis 2014.

« La feuille de route de l’école, avec les noms qu’on peut y mettre, c’est impressionnant en maudit, poursuit-il en nommant Yannick Nézet-Séguin et Marie-Nicole Lemieux. Je veux que le CMADQ soit au même niveau que Juilliard, que le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, que tu hésites entre les deux pour faire tes études. On a ce qu’il faut pour que ça devienne ça. »

Il n’hésite pas à parler en outre de « cette fierté que devrait avoir le peuple québécois en entier de dire, “heille, on est la seule province au Canada à avoir un conservatoire [sur le modèle français]”. On est même le seul conservatoire de ce type en Amérique ! »

La crème de la musique anglaise chez Arion…

PHOTO KATYA KONIOUKHOVA, TIRÉE DU SITE D’ANDREW MCANERNEY

Andrew McAnerney, chef du Studio de musique ancienne de Montréal

L’ensemble Arion a eu l’excellente idée d’inviter le Studio de musique ancienne de Montréal et son excellent chef Andrew McAnerney à se joindre à lui pour son premier programme de la saison, qui sera donné du 7 au 9 octobre, à la salle Bourgie. Intitulé Royales harmonies, celui-ci permettra d’entendre quatre œuvres vocales d’envergure du répertoire baroque anglais, dont le célèbre Come, Ye Sons of Art de Purcell, et la première canadienne d’une ode de William Boyce.

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… et de la musique française au Domaine du Fort de la Montagne

PHOTO TIRÉE DU SITE DU FESTIVAL

Le Festival des couleurs de l’orgue français a lieu à la chapelle des Sulpiciens du Domaine du Fort de la Montagne (ancienne chapelle du Grand Séminaire de Montréal).

Comme tous les mois d’octobre, le Festival des couleurs de l’orgue français bat son plein à la chapelle des Sulpiciens du Domaine du Fort de la Montagne (ancienne chapelle du Grand Séminaire de Montréal). Tous les dimanches à 15 h, des musiciens triés sur le volet feront résonner le grand instrument de Guilbault-Thérien. Après le Torontois Kevin Komisaruk (9 octobre), on entendra le Français Emmanuel Arakélian (16 octobre), l’Américain Abraham Ross (23 octobre) et le titulaire de l’instrument, Yves-G. Préfontaine (30 octobre). C’est gratuit !

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Un anniversaire à célébrer

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le Quatuor Molinari en répétition, en 2018

Le Quatuor Molinari est un acteur important de la scène musicale montréalaise depuis 25 ans, en particulier dans le répertoire contemporain, dont il a gravé de nombreuses partitions sur disque. Pour célébrer ce quart de siècle, l’ensemble convie les mélomanes à venir l’entendre dans des œuvres-phares de son répertoire (Schnittke, Kurtág, Penderecki et Ligeti) au Conservatoire de musique (4750, avenue Henri-Julien) le 14 octobre à 19 h 30.

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Un départ à commémorer

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Boris Brott

La mort brutale du chef d’orchestre Boris Brott a bouleversé le milieu musical le printemps dernier. L’Orchestre classique de Montréal rendra hommage à son ancien directeur artistique le 18 octobre (19 h 30) à la salle Pierre-Mercure. Sous la direction de Geneviève Leclair, la formation – et des invités comme le violoncelliste Stéphane Tétreault et le ténor Antonio Figueroa – interprétera des œuvres significatives dans le parcours du défunt maestro, dont des extraits de West Side Story de Bernstein et Kol Nidrei de Bruch. Une réception-bénéfice suivra, au profit de l’orchestre.

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