« J’ai reçu des menaces de mort », précise d’entrée de jeu Safia Nolin en entrevue avec La Presse. Un peu plus d’un mois après avoir dénoncé des inconduites sexuelles de Maripier Morin à son endroit, l’auteure-compositrice-interprète a en effet déposé une plainte auprès du Service de police de la Ville de Montréal contre des internautes ayant proféré des menaces et messages haineux sur les réseaux sociaux. À ces messages s’ajoutent également des graffitis haineux tracés sur plusieurs édifices du Plateau-Mont-Royal dernièrement.

La musicienne s’est rendue mercredi dernier à son poste de police de quartier, dans Rosemont, pour remplir une déposition signalant des messages qu’elle a reçus sur les réseaux sociaux. « J’ai reçu des menaces de mort », a expliqué Safia Nolin lors d’un entretien téléphonique avec La Presse mardi.

On lui avait demandé d’imprimer les messages qu’elle souhaitait dénoncer. « Je suis allée là avec mes papiers, ils les ont tous lus, dit-elle. Il y avait aussi des affaires racistes, des affaires homophobes. »

Sur plusieurs dizaines de messages, on lui a expliqué qu’une quinzaine seraient considérés dans le cadre de la plainte, puisque certains, bien qu’injurieux, n’étaient pas recevables dans le contexte d’une enquête criminelle. Un enquêteur a plus tard été attitré à son dossier.

Depuis qu’elle a dénoncé les agissements de Maripier Morin sur Instagram, au début du mois de juillet, Safia Nolin reçoit des commentaires haineux de nombreux internautes.

La semaine dernière, quelques jours avant de porter plainte auprès de la police, la chanteuse a annoncé qu’elle se retirait d’Instagram, plateforme qui la « fait souffrir ».

Le Code criminel considère comme une infraction le fait d’utiliser un système de messagerie pour envoyer des messages de menaces envers d’autres personnes, d’utiliser les technologies internet pour communiquer de façon répétée avec une personne en sachant qu’elle se sent harcelée ou d’utiliser les technologies internet telles que les sites web pour ridiculiser d’autres personnes en racontant des histoires, des blagues ou en affichant des images.

Graffitis haineux

Les contrecoups de sa dénonciation ne s’arrêtent pas là. Le nom de Safia Nolin se retrouve dans plusieurs graffitis haineux sur des édifices de Montréal, notamment dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Avant/après le nettoyage des insultes
  • CAPTURE ÉCRAN DE LA PAGE FACEBOOK DE REMI DESJARDINS

  • PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LAPRESSE

  • CAPTURE ÉCRAN DE LA PAGE FACEBOOK DE MONSIEURBANVILLE

  • PHOTO FOURNIE PAR SAFIA NOLIN

  • CAPTURE ÉCRAN DE LA PAGE FACEBOOK DE GUILLAUME MAILLÉ

  • PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LAPRESSE

  • PHOTO FOURNIE PAR SAFIA NOLIN

  • PHOTO FOURNIE PAR SAFIA NOLIN

  • PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

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Ces mots, tracés en noir, qualifient la chanteuse de « grosse pute », de « grosse salope » et de « grosse vache », a pu constater La Presse.

Certains ont été effacés du mieux possible par la Ville, même si des traces restent visibles. D’autres, comme sur le mur frontal du MTL Bar, ont été recouverts de plus de peinture noire.

Deux requêtes ont été déposées, mais aucune plainte, auprès de la Ville de Montréal concernant les graffitis, a-t-on indiqué à La Presse. « Nous sommes intervenus sur deux bâtiments privés dernièrement avec notre entrepreneur responsable de l’enlèvement des graffitis, nous a indiqué par courriel Catherine Piazzon, chargée de communication à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Nous avons également enlevé des graffitis sur un bâtiment de la ville (piscine Lévesque). Nous sommes intervenus également dans nos parcs pour le même sujet : parc La Fontaine graffitis, sur des statues et sur le belvédère de l’étang sud [et] parc Laurier, sur le pavé et les jeux d’enfants. »

Safia Nolin a appris l’existence de ces graffitis alors qu’elle se rendait à Lac-Mégantic pour un spectacle, quelques heures seulement après avoir déposé sa plainte à la police pour les messages sur le web.

Une résidante du Plateau Mont-Royal avait appelé sa maison de disques pour les avertir.

Safia Nolin se dit heurtée par les récents évènements, qui s’ajoutent aux messages qu’elle reçoit sur les réseaux sociaux et qui ont débordé des limites du web.

« La journée où je suis allée porter plainte, pendant que je me rendais au poste de police, un gars m’a abordée dans la rue pour me demander pourquoi j’ai attendu deux ans [pour dénoncer Maripier Morin], raconte-t-elle. J’ai capoté. Ça a franchi une autre étape, ça dépasse internet : les gens me parlent de ça dans la rue et d’autres font des graffitis pour m’insulter. »