C'est une histoire d'horreur. Une vraie. Sans vampire ou zombie. Mais avec un monstre. Un monstre très (trop) «simplement» humain qui n'en est que plus horrible.

Le roman s'intitule Room, il est signé Emma Donoghue, qui est née à Dublin mais vit aujourd'hui au Canada et dont c'est le septième livre. Un huis clos à la fois douloureux et magnifique où l'on rencontre Ma. Ma, tout simplement. Pour nous, pendant une grande partie du récit. Pour Jack, qui va avoir 5 ans sous nos yeux.

Jack qui est né dans la chambre où sa mère vit depuis des années. Depuis qu'elle a été kidnappée par «Grand Méchant Nick». Le monstre, c'est lui. Il ouvre la porte, une fois la nuit tombée. Il apporte de la nourriture et des «cadeaux», avant de faire grincer le lit où Ma est allongée. Jack, lui, est caché dans la garde-robe. Il se bouche les oreilles, il a peur. Mais cette vie est la seule qu'il connaît.

Emma Donoghue nous la révèle petit à petit, mettant les mots à la bouche du gamin. Il est le narrateur, très crédible, de Room. Cela participe à la puissance du récit. Parce que l'horreur de la situation, pour Ma et pour le lecteur, il la dit avec chaleur. Il ne connaît rien d'autre que la chambre. Elle est rassurante. Elle est son monde, qui éclate lorsque, avec la complicité de sa mère, il s'évade.

Alléluia, voudrait-on crier. On le crie presque. Et on continue à lire. Pour se rendre compte que le cauchemar ne fait que commencer pour lui et se poursuivre pour Ma. (Ré)intégrer la société, vraiment? Il y a les bien-pensants, les juges, même les alliés qui se trompent. Room est un roman rare, d'une douloureuse beauté. Inoubliable.

Room

Emma Donoghue

La Cosmopolite/Stock, 400 pages

****1/2