D'abord il y a ce titre impossible. Puis, cette réaction enthousiaste d'Anna Gavalda: «Absolument délicieux!»

Gavalda, auteure estivale par excellence (si pareille chose existe), a applaudi bien fort ce succès populaire, resté trois semaines en liste des best-sellers américains... sans qu'Oprah s'en soit mêlée? Intrigant.

Ce premier roman, écrit par l'Américaine Mary Ann Shaffer et sa nièce, se présente comme un carnet de correspondance entre Juliet, jeune auteure londonienne pendant la Seconde Guerre mondiale, et les membres d'un cercle de lecture de l'île de Guernesey.

La première est anticonformiste; les seconds ne manquent pas d'excentricité. Les Allemands ont quitté depuis peu l'île anglo-normande, mais leur présence n'a pas entamé l'humour et la douce rébellion des insulaires. Au fil des échanges, Juliet tombe sous le charme. Les lecteurs aussi, non sans quelques agacements parfois. Le récit léger et réjouissant dégouline trop souvent de bons sentiments. La ligne est tranchée net entre les bons et les mauvais.

Pas de nuance possible. Pire, la plume des deux Américaines est sclérosée par une formule épistolaire dont on finit par se lasser. Il y a dans ce cercle littéraire des trouvailles de personnages qui méritaient mieux que quelques évocations furtives au milieu d'une missive. Qu'on fasse taire Juliet, un peu trop portée sur la sensiblerie (et dont la destinée est télégraphiée dès les premières pages!). Un livre que dévoreront ceux qui, le temps de quelques pages, ont envie de voir la vie avec des lunettes roses... 

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Nil, 396 pages, 29,95$

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