Lorsque le jeune avocat Jean-Luc Charette doit quitter Montréal pour s'installer à Memracook, dans les Cantons-de-l'Est, ce pourrait être l'occasion de choisir une nouvelle vie: il se découvre des talents de peintre en bâtiment, rencontre une charmante jeune femme, se fait des amis. Mais Jean-Luc rêve de richesse, d'élégance, d'une femme mince et blonde.

Dans Le bonheur à Memracook, Ronald Lavallée, journaliste et réalisateur à la radio en Estrie, a créé un personnage d'une rigidité sans faille, absolument antipathique, et qui le reste jusqu'au bout. Jean-Luc Charette n'est pas sans rappeler les héros sans envergure de François Barcelo, il en a même à certains degrés la naïveté.

On rigole donc beaucoup dans ce roman à l'humour noir qui aurait cependant gagné en efficacité s'il avait été plus ramassé: trop de temps passé dans la tête de Jean-Luc, trop d'hésitations et de scènes qui s'étirent. On suit malgré tout avec le sourire les aventures du jeune homme, dont la mauvaise foi est sans limites. Surtout, ce portrait très juste de la récession des années 80, du monde de la construction et de la politique, fait étrangement penser à... aujourd'hui.

Instructif et franchement amusant.

Le bonheur à Memracook

Ronald Lavallée

Fides, 452 pages

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