On pense à Edgar Allan Poe. Au film Les rivières pourpres. Cette curieuse contribution de Jacques Lazure au folklore québécois dépeint un Outaouais du début du XIXe siècle avec une plume résolument sombre.

Vargöld - Le temps des loups suit l'abbé Verreau, jeune prélat montréalais, dans un camp de bûcherons où un meurtre inexplicable a été commis. Inexplicable, parce que son auteur n'avait aucun motif évident, à part la folie. Et aussi parce que la victime a été coupée en deux d'un seul coup de hache, et que ses jambes sont demeurées introuvables.

 

Ces détails montrent bien que Vargöld n'est pas pour les coeurs sensibles. Et n'est pas de nature à remonter le moral: tout va de mal en pis. Cela dit, on reste rivé aux pages, les péripéties étant menées de main de maître par cet auteur qui est aussi scénariste pour la télévision. On sent l'expérience dans la présentation des scènes.

Les tensions linguistiques entre Anglais et «Canadiens» traversent le roman. Cet artifice est bien utilisé. On ne peut pas en dire autant de la religion: le personnage de l'abbé Verreau est attachant et crédible, mais on lui prête un intérêt pour la cabale juive qui n'est pas vraiment exploité, et des critiques de l'Église un peu trop convenues. Quelques passages de pop-psychologie, qui servent à étayer les visions démoniaques auxquelles sont soumis les malheureux bûcherons, sont tout aussi faciles.

«Piton... avait fui son père... il avait fui l'Église avec ses beaux principes, il avait fui les femmes qui l'avaient toujours effrayé... Mais il n'avait jamais fui l'une d'entre elles. Une seule avec qui il aurait passé le reste de sa vie... C'était sa mère.»

Les dialogues solides - un exploit compte tenu de la nécessité de rendre l'accent d'époque - et une exploitation habile de l'archéologie - qui donne son titre au livre - font toutefois de Vargöld un excellent compagnon pour les longues soirées d'hiver.

Vargöld - Le temps des loups

Jacques Lazure VLB, 430 pages, 27,95$

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