Un salon du livre n'attend pas l'autre. Après le méga-happening qui s'est terminé la fin de semaine dernière à Place Bonaventure, voilà qu'une autre foire littéraire, plus underground, s'installe pour deux jours dans un sous-sol d'église à Montréal.

Né il y a sept ans, Expozine pourrait être considéré comme «l'anti» ou le «off» Salon du livre. Cet événement de plus en plus couru regroupe des éditeurs indépendants, des affichistes, des bédéistes, des «faiseux» de fanzines et quelques auteurs en quête de contrats, dans un cadre alternatif bilingue et surtout, abordable. «Il en coûte 40$ pour une table à Expozine, alors qu'il faut payer dans les 1000$ au Salon du livre», fait valoir Jimmy Beaulieu, bédéiste et patron des Éditions Mécanique générale (Burquette).

 

Loin de la dictature du «best-seller» et des rouleaux compresseurs de la machine promotionnelle, Expozine donne une vitrine à ceux et celles qui n'ont pas souvent la chance de se faire voir, sinon que sur l'internet ou chez les rares libraires spécialisés. Difficile, en effet, de faire sa place dans les gros magasins, quand la concurrence se nomme Libre Expression, Flammarion ou VLB.

Se montrer au grand jour

Expozine est, pour ceux de la marge, l'occasion annuelle de se montrer au grand jour. «Si on n'existait pas, ces gens continueraient dans l'obscurité», fait valoir Louis Rastelli, qui a fondé ce happening en 2002. «En les faisant connaître, on fait aussi connaître la nouvelle génération de créateurs.»

Résultat: quelque 300 exposants sont attendus ce week-end à Expozine. Non seulement en provenance de Montréal, mais aussi de Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec, Toronto, Vancouver et Halifax. Une chance en or de voir ce qui se fait chez des éditeurs indépendants comme La Pastèque, les 400 Coups, Drawn&Quaterly (Michel Rabagliati) ou L'oie de Cravan, et de mesurer l'effervescence d'un milieu où cohabitent sans complexes l'anglais et le français, la bande dessinée et la poésie, la sérigraphie et l'essai, le fanzine trash et le beau livre.

Expozine, aujourd'hui et demain, de 12h à 18h, au 5035, rue Saint-Dominique (Église Saint-Enfant-Jésus, entre Laurier et Saint-Joseph, près du métro Laurier). Entrée gratuite.