Officiellement, donc dans la réalité, Three Pines n'existe pas. Mais on trouve, ici et là, dans plusieurs villages des Cantons-de-l'Est (Sutton, Knowlton, North Hatley, etc.) un commerce, un lieu de culte ou un parc, qui ont accroché les yeux et un peu du coeur de Louise Penny.

Officieusement, donc dans la fiction, Three Pines... n'existe pas non plus. Il ne se trouve sur aucune carte des Cantons-de-l'Est. «Seuls ceux qui sont perdus le trouvent. Seuls ceux qui en voient la "magie" y restent», fait l'architecte des lieux, la romancière Louise Penny, avec laquelle La Presse a visité quelques-uns de ces endroits «romancés» dans la série policière «Armand Gamache enquête», dont le 11e tome, La nature de la bête, vient de paraître en français.

«J'aime les auteurs d'Amérique latine, leur manière d'amener le réalisme magique dans leurs récits.»

«Il y a dans leurs écrits une sensation de réalité mais en même temps, une impression d'étrangeté», poursuit l'écrivaine qui fait flotter ce sentiment d'ailleurs, de différent, sur Three Pines.

Village idyllique que celui-là. Où se produisent «des choses horribles». Des meurtres. Un par roman. Sur lesquels enquête un homme droit et bon, l'inspecteur-chef Armand Gamache. Qui, après les événements survenus dans Un long retour, a décidé de prendre sa retraite (mais parions qu'il n'y restera pas longtemps !). À Three Pines. Où il a si souvent enquêté.

Tuer un enfant

La nature de la bête le suit dans ce nouveau quotidien, avec Reine-Marie, sa chère épouse. Autour d'eux, les connaissances devenues voisins et amis. Gabri et son partenaire, Olivier, qui tiennent le bistro local. Clara, l'artiste échevelée (dans tous les sens du terme). M. Béliveau, le propriétaire du magasin général. Myrna, la libraire.

Tous, déchirés par le meurtre. Un garçon de 9 ans, un de ces gamins qui crient au loup, est assassiné dans les premières pages du roman. 

«Il a fallu que j'écrive bien des livres avant de me sentir capable de tuer un enfant, de raconter la découverte de son corps, le deuil de sa mère», fait celle qui vit aujourd'hui à Knowlton mais qui a longtemps habité Sutton.

Mais il le fallait. La romancière l'a donc fait. Mêlant ce drame à la découverte d'un supercanon, fruit du travail de Gerald Bull, un concepteur d'armes canadien assassiné à Bruxelles il y a 25 ans (c'est la réalité) mais qui serait passé à Three Pines (c'est la fiction).

Le vrai. Le faux. Page après page.

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La nature de la bête. Louise Penny. Traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Flammarion Québec, 479 pages.

Photo fournie par Flammarion Québec

La nature de la bête, de Louise Penny