La série jeunesse de l'heure en ce moment est sans contredit La vie compliquée de Léa Olivier, dont le sixième tome sorti il y a quelques semaines caracole déjà en tête des palmarès. Vendue à plus de 200 000 exemplaires au Québec, la série de Catherine Girard-Audet a même atteint les 90 000 exemplaires vendus en France en seulement un an. Cette effervescence rappelle celle qui a entouré les péripéties d'une autre célèbre ado, Aurélie Laflamme, créée en 2006 par India Desjardins, et qui compte maintenant plein de petites soeurs en librairie.

Qui est Léa Olivier?

Léa est une adolescente dont la vie est chamboulée lorsqu'elle apprend qu'elle doit déménager à Montréal. On suit ensuite ses aventures alors qu'elle s'installe dans la métropole et qu'elle fait son entrée dans une nouvelle école secondaire. L'histoire est racontée sous forme de courriels, de SMS et de conversations Skype entre les personnages, ce qui ajoute une touche de modernité aux romans.

Comment est né le personnage de Léa?

Cela faisait déjà plusieurs années que j'écrivais L'ABC des filles et plusieurs personnes m'encourageaient fortement à me lancer dans la fiction. Quand je me suis finalement lancée il y a trois ans, j'ai choisi de m'inspirer de quelque chose que j'avais moi-même vécu, soit mon déménagement à Montréal lorsque j'avais 14 ans. On peut donc dire qu'il s'agit d'une série à caractère autobiographique!

Vous êtes rendue au 6e titre. Pourquoi pensez-vous que la série fonctionne ici?

Mon rôle de blogueuse à VRAK et de chroniqueuse dans la revue COOL me permet de rester très près des jeunes et d'être à l'affût de ce qui les touche. Les courriels représentent une source d'inspiration infinie, et je crois que le sujet de plusieurs d'entre eux se retrouve dans mes romans. Aussi, j'ai créé un personnage principal auquel il est facile de s'associer. Enfin, je pense en toute humilité que le format épistolaire que j'ai décidé d'employer dans ma série facilite la lecture et rejoint énormément la réalité des jeunes d'aujourd'hui.

Comment expliquez-vous le succès de la série en France?

Tout a commencé lorsque mon frère, qui est aussi mon éditeur, et moi avons rencontré Dimitri Kennes lors du Salon du livre de Montréal en 2012. Il a lu les trois premiers tomes puis il nous a contactés pour nous dire qu'il était intéressé à développer ma série en Europe. Léa est donc maintenant publiée chez Kennes Éditions en Suisse, en Belgique et en France. La beauté de tout cela est que Dimitri a vraiment eu le coup de foudre pour le ton très québécois et qu'il a choisi de ne pas adapter mon texte, optant plutôt pour un petit lexique à la fin de chaque tome permettant aux lecteurs de comprendre certaines expressions. Je crois que le thème du déracinement transcende les continents puisque les romans connaissent aussi beaucoup de succès là-bas. Nous travaillons même actuellement sur l'adaptation des romans en bandes dessinées avec des créateurs belges! Le premier tome sortira en Europe et au Québec à l'automne prochain.

C'était important pour vous d'intégrer des éléments de la culture populaire adolescente?

Je pense que c'est nécessaire de rester proche de mes lectrices, et je sais qu'elles aiment retrouver certaines références culturelles dans mes romans. Il faut toutefois faire attention de ne pas être trop dans le moment présent, car c'est évident que les modes passent assez vite! Aussi, j'essaie d'utiliser des expressions assez communes sans tomber dans le cliché. Disons que la ligne est assez mince!

Qui sont les lecteurs de Léa?

Principalement des filles. L'âge varie beaucoup. Je vois parfois de jeunes lectrices de 8 ou 9 ans, et d'autres de 16 à 19 ans. Il y a même beaucoup de mamans qui aiment replonger dans leur adolescence en lisant Léa! Il y a aussi des gars. Évidemment, ils sont plus gênés de venir me voir dans les salons du livre, mais je crois qu'ils aiment eux aussi être propulsés dans un monde qui leur ressemble. Il y a beaucoup de jeunes personnages masculins dans ma série, alors ils s'associent peut-être aussi à eux!

Y a-t-il d'autres titres prévus?

J'ai changé environ 40 fois d'idées depuis le début de la série quant au nombre de tomes... J'ai une bonne idée de la façon dont la série se terminera, et comme je ne fais pas de saut dans le temps en racontant mon histoire, je sais que j'aurai possiblement besoin de trois ou quatre autres titres pour y arriver. Mon objectif, c'est d'éviter les répétitions et de faire évoluer Léa de façon sensible et réaliste. Je ne sais pas encore avec certitude si elle soufflera un jour ses 18 bougies, mais je promets à mes lectrices qu'elles ne resteront pas sur leur faim!