Patrick Poivre d'Arvor est à la recherche de littératures «foisonnantes», comme c'est le cas au Québec. C'est ce qui explique son passage dans la Vieille Capitale, où il tourne un documentaire avec des écrivains d'ici. Par la même occasion, il s'est rendu au Salon du livre de Québec pour la remise du prix France-Québec, dont il est le parrain. La lauréate, Christine Eddie, a publié chez Alto Les carnets de Douglas, un roman qui fait l'objet d'une belle unanimité. Tous l'aiment.

Qui est Patrick Poivre d'Arvor, que plusieurs appellent PPDA? Journaliste, écrivain, polémiste. Un magazine le présente comme «l'homme le plus célèbre de France». Jusqu'à son éviction en juillet 2008, il était présentateur du journal télévisé de 20h à TF1, regardé par quelque huit millions de téléspectateurs. Un choc! Pour s'en remettre, il a écrit, à chaud, un livre dans lequel il relate, de son point de vue, les événements. Le titre: À demain! En chemin vers ma liberté (Fayard). «Une fois écrit, c'est expulsé, je n'y pense plus. On ne peut vivre dans le ressentiment.»

 

En entrevue, l'homme s'avère affable, sympathique. Son intérêt pour le Québec et sa littérature n'est pas feint. Il dira, par exemple, qu'à l'époque où il animait les émissions Ex-Libris et Vol de nuit, toujours à TF1, il a reçu plusieurs fois nos écrivains. Dans une anthologie de la poésie française, qu'il vient de faire paraître aux éditions du Cherche midi, figurent trois poètes québécois: Gaston Miron, Claudine Bertrand et Hélène Dorion.

Rien d'étonnant donc à ce que Québec soit dans la ligne de mire de PPDA et de son frère Olivier, les artisans d'Horizons lointains, une série documentaire pour la chaîne franco-allemande ARTE, qui les a d'abord menés en Afrique, en Égypte, puis à Haïti, où Dany Laferrière devait participer. Sauf qu'il a raté l'avion qui devait le mener à Port-au-Prince. L'écrivain haïtien redevient québécois. Et pourquoi pas aussi «un écrivain japonais»... Allusion au titre de son plus récent roman.

Quoi qu'il en soit, Patrick Poivre d'Arvor loue «l'inventivité» de la langue, tant du Québec que des Caraïbes. «Elle est souvent plus riche que la nôtre», dit-il. Son bref séjour parmi nous lui permet de le montrer par des interviews d'auteurs dans des lieux typiques. Neil Bissoondath au Château Frontenac, Jacques Godbout à la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste dans l'ancienne église St. Matthew, Mélanie Vincelette à la librairie Laliberté, sans oublier une balade sur le traversier entre Québec et Lévis et un café littéraire à l'Auberge Saint-Antoine, réunissant à la même table Jean-François Beauchemin, Nicolas Dickner, Monique Proulx et Éric Dupont.

Nouveaux finalistes

Éric Dupont est l'auteur de Bestiaire, paru chez Marchand de feuilles. Et, heureuse nouvelle, il est l'un des trois finalistes pour le France-Québec 2009. Les autres sont Pascale Quiviger, pour La maison des temps rompus (Boréal) et Marie-Christine Bernard, qui a publié Mademoiselle Personne (HMH).

Des lecteurs se pencheront au cours de l'été sur ces romans et désigneront le gagnant. PPDA se dit heureux de parrainer un prix qui fait la promotion en France d'ouvrages québécois. Les carnets de Douglas, oeuvre empreinte de poésie qui s'enracine dans la nature profonde, a tout pour plaire aux cousins de l'Hexagone. La maison Héloïse d'Ormesson les publie là-bas.

Patrick Poivre d'Arvor, qui a ajouté à son nom celui de son grand-père poète, Jean d'Arvor, se définit lui-même, d'abord, comme écrivain. À 16 ans, il signait son premier roman, Les enfants de l'aube.

Plus de 40 titres ont suivi, certains cosignés avec son frère Olivier. Le dernier, paru chez Albin Michel, porte l'empreinte de son auteur fétiche, Saint-Exupéry. Il s'appelle Petit prince du désert.

Nous pourrions aussi raconter sa participation à la Transat Québec/Saint-Malo, son périple sur la route de Compostelle, 300 kilomètres jusqu'au cap Finistère. Hyperactif, PPDA n'arrête pas.