Ce sont des leçons, prononcées par Umberto Eco de 2001 à 2015 au festival culturel de Milan, La Milanesiana, qui sont réunies dans ce recueil posthume, et qui témoignent du feu d'artifice intellectuel qu'était ce grand écrivain et sémiologue italien.

Mêlant joyeusement la culture populaire à ses analyses, sans jamais sacrifier la complexité de sa pensée, Eco nous tire toujours vers le haut et incarne à merveille l'esprit des humanités, le désir encyclopédique. Sur les épaules des géants, le texte qui donne son titre au livre, est une superbe réflexion sur les nombreuses querelles entre les modernes et les anciens au cours de l'histoire, vues comme un combat entre les pères et les fils, alors que ceux-ci s'appuient souvent sur de lointains ancêtres pour commettre leur parricide.

«Le risque, pour tout le monde, et sans que ce soit la faute de personne, est que dans une innovation incessante et sans cesse acceptée par chacun, des hordes de nains s'assoient sur les épaules d'autres nains», dit-il pour parler de notre époque, non sans préciser que «les pires diagnostics de chaque époque, ce sont justement les diagnostics contemporains».

On retient aussi le superbe éloge de la littérature du texte L'invisible, et la très pertinente analyse des théories du complot. Un bémol cependant : dans ce beau livre illustré par des oeuvres d'art qui soutenaient ses conférences, on trouve malheureusement plusieurs coquilles qui gênent un peu la lecture. 

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Sur les épaules des géants.
Umberto Eco. Grasset. 442 pages.