Avant même d'arriver sur les tablettes, le roman de Lisa Halliday faisait jaser parce qu'il raconte la relation de la jeune femme avec un monstre sacré de la littérature américaine, Philip Roth.

Ce n'est pas la première fois qu'une ex de Roth publie un livre. L'actrice Claire Bloom, avec qui il a été marié durant cinq ans, avait publié le ravageur Leaving a Doll's House, dans lequel elle décrivait l'écrivain comme un homme narcissique qui pouvait être abusif verbalement.

L'Ezra de Lisa Halliday n'est pas le même homme. Il est plus vieux et plus tendre. Elle fait sa connaissance alors qu'elle travaille comme assistante dans l'une des plus grandes agences littéraires de New York.

Il a des problèmes coronariens et des maux de dos paralysants. C'est un homme centré sur ses bobos, oui, mais attentif, et qui joue à merveille son rôle de mentor. Les deux amants passent leurs soirées à regarder des matchs de baseball.

Il l'aide financièrement, lui refile des contacts et des livres à lire. Elle est une présence lumineuse dans sa vie. À l'ère de #metoo, on pourrait recadrer cette relation en termes de pouvoir, mais ce n'est pas du tout là que nous emmène l'auteure.

En fait, elle redonne du pouvoir à la jeune femme en décrivant une relation à l'intérieur de laquelle chacun des amants est tour à tour en position de force ou de faiblesse.

On l'avoue, on plonge dans ce livre avec un certain voyeurisme, mais on reste pour le style et la personnalité de l'auteure, qui signe un roman attachant qui nous plonge dans un New York qui n'est pas sans rappeler les vieux films de Woody Allen.

Seul bémol: la seconde partie du livre qui rompt totalement avec le reste. Un drôle de choix qui ne doit toutefois pas nous empêcher de découvrir la plume vive de Halliday.

* * * 1/2

Asymétrie. Lisa Halliday. Traduit de l'anglais par Hélène Cohen. 352 pages. Gallimard.