L'auteur de Laëtitia ou la fin des hommes, prix Médicis 2016, replonge dans ses souvenirs d'enfance.

C'est dans un camping-car que ses parents, son frère et lui, souvent accompagnés d'une autre famille adepte du même type de voyage, ont passé leurs vacances. Portugal, Grèce, Maroc, Italie, Turquie : les vacanciers ont traversé les frontières, vivant à la bohème. Ces voyages ont formé l'historien et l'écrivain qu'est devenu Ivan Jablonka. Enfant, il consignait déjà par écrit ses souvenirs et ses impressions.

Dans ce court récit, le poids de l'histoire n'est pas seulement lié à la découverte d'anciennes civilisations : c'est aussi vivre au quotidien avec des parents juifs nés durant la Seconde Guerre mondiale, survivants qui ont la pression d'être heureux et de donner à leurs enfants une vie niée à tant d'autres.

Au-delà de ses souvenirs, Ivan Jablonka explore aussi le phénomène de ces fourgonnettes, des années 50 à nos jours, du rapport à la liberté et de la simplicité de l'enfance. Un récit agréable à lire, sur les apprentissages d'un jeune garçon dans une époque révolue. Malgré la dimension sociale intéressante, le lecteur reste un peu sur sa faim.

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En camping-car

Ivan Jablonka

Éditions du Seuil

192 pages

EXTRAIT 

« Enfants de la guerre, mes parents nous faisaient monter sur la charrette de l'exil, dans la grande caravane de l'histoire. Le rangement des chaises pliantes, le verrouillage mat du toit, le chuintement de la porte coulissante, le bruit du moteur étaient pareils à ces rappels qui scandent le texte de la Bible : "Souviens-toi que, toi aussi, tu as été étranger." Bien entendu, notre migration était un désir d'errance, une précarité volontaire, mais cela montre justement que le camping-car était un héritage, portant en lui la conviction que l'on n'a pas de point fixe ou, plutôt, que notre seul ancrage est une maison sur roues. »