Reconnaissant Brutus parmi ses assassins, Jules César aurait demandé: «Toi aussi, mon fils?» Le premier roman de Jonathan Pedneault fait de cette question une affirmation.

Roman de la filiation, Toi aussi, mon fils cherche à tuer le père. On comprend Matisse de vouloir échapper à ce père absent. Antoine était un homme arrogant, cynique et dépressif. Matisse peinera toutefois à échapper à son destin tragique.

Dans les carnets retrouvés de ce père journaliste de guerre, qui l'a pourtant traîné avec lui en zone de conflit, ce dont ne semble absolument pas se souvenir le fils, on découvre un homme plus fragile qu'il n'y paraît: bisexuel traumatisé par les relations amoureuses et la bêtise des hommes.

L'action se transporte sur plusieurs continents, là où ça chauffe. Les descriptions du travail journalistique représentent les plus belles qualités de ce bon premier roman.

Par contre, l'auteur n'évite pas complètement le piège des lieux communs et de quelques anachronismes. L'éditeur ne l'aide pas en y allant d'un avertissement risible en quatrième de couverture au sujet de ce livre soi-disant aux antipodes du politiquement correct.

On n'y trouve pourtant rien de plus cru que ce qu'écrivait Philippe Djian il y a 30 ans de cela. Le scandale a bonne presse, faut croire. 

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Toi aussi, mon fils. Jonathan Pedneault. Quai no 5. 353 pages.