On pourrait croire à un changement de registre pour l'auteur du bouleversant Sukkwan Island, qui s'attaque ici à la difficile réécriture d'un pilier de la mythologie grecque en revisitant le mythe de Médée.

Mais comme il le note en guise de remerciement, ses histoires sont toutes des tragédies grecques, et ce titre longuement couvé constitue en quelque sorte un retour aux sources pour celui qui a exploré, dans ses cinq romans, de complexes relations familiales à teneur oedipienne.

Entre les violentes luttes de pouvoir, Vann dépeint le combat d'une femme déchirée entre la pulsion destructrice qui la pousse à tuer son frère et détruire son père, et l'amour qu'elle leur porte issu des souvenirs de leurs années de vie commune.

Victime des multiples trahisons de son époux qui lui répète qu'elle n'est «qu'une femme» et que «les femmes ne décident pas ce que l'on fait», Médée doit cruellement prendre sa place dans un univers sombre et sans pitié.

Par la force de sa plume, l'auteur américain réussit à nous transmettre une part de sa fascination de longue date pour le personnage et prouve une fois de plus qu'il peut nous ensorceler, peu importe la voie qu'il choisit d'emprunter.

* * * 1/2

L'obscure clarté de l'air. David Vann. Gallmeister. 272 pages.