Ce premier roman de Patricia Godbout est un plaidoyer pour l'importance de la mémoire à une époque, la nôtre, qui fabrique de l'oubli. La mort est partout dans ce livre.

Il y a le suicide du frère, puis la maladie fatale de la mère. L'un et l'autre étaient l'âme et le port d'ancrage de la famille.

Mais c'est la vie après la vie qui intéresse l'auteure, ce qui reste des disparus, ce qui inspire, ce qui motive, ce qui sera. On exposera les oeuvres du frère, artiste toxicomane et attachant personnage. On s'émouvra des menus objets laissés par la mère.

La peine s'efface avec la beauté des souvenirs, la réalité des émotions qui survivent. Patricia Godbout n'a pas encore une voix, un style. Elle se promène entre certaines banalités et quelques clichés et des passages beaucoup plus réflexifs et lumineux.

Il s'agit là des meilleurs moments d'une écriture au «je» qui, on le sent, renvoie à quelque chose de personnel et douloureux. C'est là, sans doute aussi, que l'auteure trouvera les raisons de poursuivre sa route de romancière. 

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Bleu bison. Patricia Godbout. Leméac. 126 pages.