À l'adolescence, Lot aspirait déjà à vivre « l'Amour Absolu », un amour qui se suffirait à lui-même, riche et complexe, un panier - selon sa métaphore - dans lequel elle pourrait mettre tous ses oeufs.

Elle l'avait trouvé en Comète et ne s'imaginait pas réussir à survivre à l'implosion de son existence lorsqu'il est mort de façon subite. Devant un deuil impossible à concevoir, cette « ouvrière de la parole » s'impose le devoir de récupérer son nid grâce aux mots : c'est « le plus sûr moyen de conjurer le vide, pour nous écrivains », écrit-elle. Elle s'acharne ainsi à combler son absence par la magie du verbe et tâche d'éloigner le monstre de l'ennui qu'il avait éliminé de sa vie durant leurs 16 ans de vie commune.

Imma Monsó dissèque le sentiment de perte avec philosophie et délicatesse, usant de la parole comme d'une arme pour écarter la nostalgie de la mort. Et comme si la poésie des mots ne suffisait pas, ce deuxième roman traduit en français de l'auteure catalane (après La femme pressée) alterne astucieusement les voix en racontant le passé à la troisième personne et la douleur du présent à la première. 

***1/2

Un homme de parole, Imma Monsó, Robert Laffont, 306 pages