«Je ne me souviens pas.» Voilà les mots dont Mathieu Lindon (prix Médicis 2011) se sert à profusion pour entamer chaque paragraphe de ces mémoires censés raviver le passé à travers les oublis.

«Souvent j'oublie le principal», écrit-il, mais il se souvient d'un cauchemar occasionnel, de ces lointains rendez-vous hebdomadaires chez le dentiste ou de quelque formulation démodée.

Ce qui commence comme une introspection prend des allures de litanie dès l'instant où l'on plonge dans des souvenirs qui possèdent sûrement une importance sentimentale pour l'auteur, mais qui apparaissent futiles au lecteur (les pyjamas qu'il portait petit, son affection d'enfant pour les lapins, un doigt cassé, une ride qui a surgi de façon inattendue...).

À mesure que le récit défile, le ton suffisant qu'il emprunte pour rappeler ses oublis frise l'arrogance et peint le portrait d'une personne narcissique en apparence, qui ne se souvient pas du «type» qu'il croise tous les matins, d'une vieille amie ou même, selon son propre aveu, de s'intéresser aux autres.

Qu'il s'agisse de confidences ou d'un désir de provoquer en exposant l'égotisme dont on peut tous être coupables, ces souvenirs absents revêtent en somme peu d'intérêt.

* * 1/2

Je ne me souviens pas. Mathieu Lindon. P.O.L, 160 pages.