Dans cette autobiographie, John Cleese ne s'attarde pas tellement à la légende de Monty Python. Son récit s'arrête juste au moment où les trois étudiants de Cambridge (Cleese, Graham Chapman et Eric Idle), les deux d'Oxford (Terry Jones et Michael Palin) et l'Américain Terry Gilliam unissent leurs forces pour conquérir la planète avec leur humour à la fois absurde et irrévérencieux. L'instant d'après, nous voici en 2014 à l'aréna O2 de Londres pour leur retour sur scène triomphal, surnommé le «bel au revoir» par Eric Idle.

Il n'est pas non plus question dans cet Enfin, bref... du sitcom Fawlty Towers ni du film A Fish Called Wanda pas plus que de l'association de Cleese aux James Bond, Harry Potter et autres Shrek. Le grand échalas septuagénaire nous raconte plutôt à travers son propre cheminement la révolution dans l'humour britannique des années 60 qui se moquait joyeusement des institutions et de la tradition de la fière Albion et auquel contribuaient des jeunes fous sortis des prestigieuses universités anglaises.

C'est à l'école que John Cleese, fils unique de parents âgés et surprotecteurs, sortira de son isolement en découvrant une technique de survie: faire rire les autres. Inscrit en droit à Cambridge, il se joindra à la troupe des Footlights où il fera la connaissance de Graham Chapman, qui sera son compagnon d'écriture pendant 20 ans. C'est également entre les murs de cette vénérable institution qu'il croisera l'animateur en devenir David Frost, qui deviendra son mentor et lui commandera des textes en quantité industrielle.

Hilarant

Cleese foulera les scènes de Londres et de Broadway - il vivra pendant deux ans à New York au milieu des années 60 - et il passera ensuite au plateau de télé du Frost Show où le grand public reconnaîtra à cet auteur comique des talents de comédien. Il fera équipe avec les deux Ronnie, Corbett et Barker, avec Marty Feldman ainsi qu'avec l'immense Peter Sellers et ceux qui deviendront bientôt ses compagnons d'aventure dans Monty Python.

En plus d'être une lecture obligatoire pour quiconque tripe sur l'humour anglais, Enfin, bref... est un livre hilarant dans lequel Cleese peut tout aussi bien décliner les trois aliments qu'il se refuse à ingérer - le céleri, les oursins et la chair humaine crue - que ses trois objectifs dans l'existence: ne pas faire la guerre, ne pas accoucher et ne pas travailler dans la finance.

«Dès que j'ai eu assez de poids sur le plan artistique, mon seul but a été de devenir aussi drôle que possible», écrit celui qui estime que son talent principal est le sens du timing. Je vous mets au défi de ne pas rire aux éclats - ou vous rouler par terre - en lisant les extraits de sketches auxquels il a contribué dans les années 60.

Du bonbon.

* * * *

Enfin, bref... John Cleese. Traduit par Anne Guitton. Marabout, 456 pages.

John Cleese en cinq dates

1939: Le 27 octobre, naissance à Uphill, en Angleterre, de John Marwood Cleese.

1969: Le 30 août, tournage de la première émission du Monty Python's Flying Circus, série culte qui sera diffusée d'octobre 1969 à décembre 1974 et dont on tirera le long métrage And Now For Something Completely Different. Trois autres films suivront: The Holy Grail, The Life of Brian et The Meaning of Life.

1975: Première saison de la comédie Fawlty Towers que Cleese, le colérique Basil Fawlty, écrit avec sa première femme Connie Booth, qui y tient le rôle de la femme de chambre Polly Sherman.

1988: Cleese signe le scénario du film A Fish Called Wanda dans lequel il tient la vedette aux côtés de Kevin Kline, Jamie Lee Curtis et l'ex-Python Michael Palin.

2014: Le 1er juillet, retrouvailles triomphales des cinq Monty Python, sans le regretté Graham Chapman, sur la scène de l'aréna O2 de Londres pour la première de dix représentations à guichets fermés.